mardi 15 janvier 2008

Suisse: Un PSS de gauche, c’est possible

Si Christian Levrat ne se dédit pas, s’il évite le piège d’une quelconque alliance, utile ou nécessaire, avec le social-libéralisme dont se réclament, plus ou moins explicitement, certains de ses amis politiques,
il pourrait bien être le… chaînon manquant, modernisateur, entre la sociale démocratie et le socialisme en Suisse.
Il est de cette gauche réelle, capable de prendre rendez-vous avec l’Histoire. Candidat à la présidence nationale du Parti socialiste, il lui faudra trouver les forces pour affirmer et imposer son combat pour plus de justice sociale dans un parti parfois trop confortablement installé dans le consensus national. Et même si, au lendemain d’une défaite électorale historique, les socialistes réclament le renforcement du parti national, il est raisonnable de considérer que l’ « axe progressiste » ne fera pas l’unanimité, loin s’en faut. Le cantonalisme et le localisme risquent de peser lourds pour empêcher ce fameux « retour aux sources », à la classe ouvrière, au monde du travail, aux salariés, prôné par Levrat et d’autres dirigeants romands. Il est presque regrettable qu’il soit le seul candidat à la présidence. Cela prive le monde politique d’une évaluation réelle de l’impact idéologique au sein du PS.
Le Conseiller national fribourgeois et dirigeant syndical se veut « carré »: « le PS doit être fidèle à ses valeurs, explique-t-il à Gauchebdo ». Et de cibler le message: Nous sommes proches du PST/POP et des autres partis de la gauche sur l’essentiel : la répartition capital-travail et la qualité du filet social. Si je suis élu à la présidence du parti socialiste, cette unité de vue améliorera nos relations avec la gauche de la gauche. Nos divergences ne sont que doctrinales. » Il est favorable à l’idée d’un salaire minimum national : « il faut surtout éviter de décrédibiliser l’idée. Evitons de nous précipiter. Consolidons le dossier. Voyons ce qui se passe dans les cantons…. ». Prudent le prochain « patron » du PS ? Surtout attentif à ne pas se brûler les ailes avant de les avoir déployées. Mais le syndicaliste qu’il est encore s’engage : « La syndicalisation des salariés est un thème prioritaire. Mais le patronat doit prendre conscience de la situation et prendre ses responsabilités. Dans certains secteurs, on touche aux limites du système. Dans l’industrie des technologies nouvelles, par exemple, il n’y a même pas d’organisation patronale avec laquelle négocier. » Et sur le thème d’un front commun entre le monde syndical et le monde politique pour maintenir les acquis sociaux, l’homme aux deux casquettes est un peu moins catégorique : « Faire front sur les questions sociétales, oui. Mais les rôles ne doivent pas être confondus. L’action syndicale doit être autonome pour être efficace. ».
Christian Levrat sait communiquer. C’est précisément ce que n’a pas su faire son organisation ces dernières années. Comme d’autres, les socialistes se sont laissés entraînés dans le sillage des stratégies de leurs adversaires. Avec pertes et fracas. C’est l’autre pari du politicien fribourgeois :
donner… envie de la gauche aux citoyens.
Le congrès du PSS aura lieu le 1 mars.
Ron Linder ; Gauchebdo, Suisse, janvier 2008