jeudi 28 juin 2007

Genève: Communiqué de presse publié à l'issue du congrès extraordinaire du PdT 2007

Réuni le samedi 23 juin en congrès cantonal extraordinaire, le Parti du Travail a pris un certain nombre de décisions importantes, portant notamment sur son fonctionnement et sur sa stratégie pour les élections nationales.Concernant son fonctionnement, un nouveau trésorier a été nommé en la personne de Nelly Buntschu, ancienne Conseillère administrative de Vernier ; par ailleurs quatre jeunes camarades ont été élus pour le renforcement du Comité Directeur.Pour les élections nationales, les délégués, à une très large majorité, se sont prononcés pour une solution qui manifeste leur volonté de conserver une alliance de la gauche combative et qui a l’avantage d’additionner les forces des quatre composantes d’A Gauche Toute. Les délégués ont décidé la présentation d’une liste Parti du Travail, avec ses propres candidats, sous apparentée avec les 3 autres composantes d’A Gauche Toute.
source: http://www.pdt-ge.org/content/view/57/65/

samedi 23 juin 2007

congrès extraordinaire du Parti du Travail (Genève)" J’ai des questions à toutes les réponses " (W.Allen)

Contribution au congrès extraordinaire du Parti du Travail
Genève, le 23 juin 2007

Je suis de ceux qui ont souhaité ce congrès extraordinaire. Parce qu’il est un moment dans l’espace politique où le constat de l’échec ne suffit plus s’il ne crée pas les conditions de sa critique et ne déclenche pas une salutaire remise en question de notre fonctionnement et de nos choix. Parce que, quand les repaires idéologiques, historiques, structurels mais aussi nos objectifs ne sont plus discernables, par nous et par d’autres, quand notre identité, notre image, notre dynamique politique, notre spécificité s’estompent, nous risquons de perdre l’essentiel : notre sensibilité. Parce que nous courrons le risque de nous immiscer dans des circonvolutions velléitaires qui causeraient notre perte, au nom de fortes amitiés ou de traditions établies au point de ne plus être contestables ou contestées. Parce que nous sommes plus menacés de l’intérieur, par nous-mêmes, que de l’extérieur.
J’ai souhaité ce congrès extraordinaire pour contribuer à resituer le Parti du Travail dans sa réalité, dans son environnement, pour participer à une restructuration efficace, parce qu’il est plus qu’utile d’appeler un chat un chat.
Ma contribution est constructive, fraternelle avec l’espoir que l’intention des délégués de ce congrès et des militants qui y assistent est de permettre à notre organisation de reposer sur le socle de connaissances nécessaires à sa restructuration.


Communiste au sein du PdT
Je suis un militant communiste favorable au progrès collectif plutôt qu’au progrès égoïste. Je perçois le socialisme comme le recours des femmes et des hommes avides de solidarité, conscients des réalités, attentifs à ne pas laisser la liberté individuelle, apanage des puissants et des privilégiés, étouffer la vision collective de la société. J’adhère à cette citation de Karl Marx : " De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ". La philosophie de Marx est confondante de modernité. Il disait : " le domaine de la liberté commence là où s’arrête le travail déterminé par la nécessité "… " Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation "… " Par son exploitation du marché mondial, la bourgeoisie a rendu cosmopolites la production et la consommation ". Il publiait ces phrases sur la liberté individuelle et ses limites, sur les conflits, sur la mondialisation à la moitié du dix neuvième siècle. Il décrivait surtout une réalité incontestable et incontournable à propos de la société : " l’histoire de toute société…n’a été que l’histoire des luttes des classes ". Ces idées sont aujourd’hui battues en brèche par nos adversaires et ignorées par grand nombre d’entre nous. Relisons Marx, replaçons ses idées dans le contexte d’une Europe qui a cessé d’être le centre du monde. Mais surtout, recréons, réécrivons, au propre comme au figuré, les fondamentaux du communisme occidental.
Hélas, au Parti du Travail, et au PST dans son ensemble, le lien au marxisme est, pour beaucoup, au mieux, un lien…affectif, un souvenir. Pour d’autres, le communisme n’est plus qu’une marque disgracieuse ou honteuse d’allégeance quasi maléfique au bloc soviétique.
Alors on se souvient que le Parti fut créé par des communistes et des socialistes, que tous les militants n’étaient pas loin s’en faut, des moscoutaires convaincus… Tout cela est vrai, mais pourquoi confondre une phase de l’histoire du socialisme avec le projet communiste. Pourquoi " jeter le bébé avec l’eau du bain " ?
Parce que nous sommes ignorants. Parce que nous nous sommes laissés absorber par l’historiographie des " vainqueurs ", par leur vérité, par leur savoir-faire.
Plus que jamais, nous devons distinguer le bon grain de l’ivraie, ne plus laisser dissoudre les idées de progrès dans l’Histoire de l’échec du socialisme réel. Nos références sont inattaquables : l’action syndicale, les luttes ouvrières, les résistances aux oppresseurs, la solidarité avec les peuples en lutte pour leur autodétermination, les créations artistiques et culturelles, les sciences… La planète socialiste existe… il suffit de la rencontrer.
Reprenons les formations politique, historique, sociale, identifions nos besoins et rendons aux militants à la fois la fierté de savoir et la capacité d’agir en connaissance de cause.
Le professeur Jacques Nagels, de l’Université de Bruxelles, membre du parti communiste belge, simplifiait récemment les objectifs de la gauche combative, partout en Europe :

"Il faut mettre un arrêt aux privatisations et promouvoir des services
publics de qualité et efficients, il faut stopper la précarisation notamment en
renforçant la sécurité sociale, il faut des transports en commun gratuits et
efficaces, une fiscalité plus équitable. L’application de ces mesures concrètes
et partielles nous rapprochera du socialisme que j’appelle de mes vœux…
Le projet " socialiste " en URSS, en Europe de l’Est, en Chine, a été perverti.
L’expérience de la construction du socialisme a échoué. Cela discrédite-t-il toute
tentative de construire le socialisme ? La réponse est NON. Cette construction du socialisme doit prendre en compte les échecs du " socialisme réalisé " et, à partir de là, œuvrer pour un projet de socialisme authentique. C’est un socialisme démocratique qui non seulement prend en compte le verdict des urnes mais qui
de surcroît exerce un contrôle des électeurs sur les élus, qui recourt à des référendums d’initiative populaire quand des questions majeures se posent…
Un socialisme qui s’en prend frontalement au pouvoir exorbitant des grandes
entreprises multinationales et nationales… qui les oblige d’investir à l’intérieur de nos frontières et donc de créer de l’emploi…

N'est ce pas une exemple du possible? Pour tous, communistes ou socialistes de gauche ou encore militants chrétiens au sein du PdT/PST

Laïc au sein du PdT
Je suis un militant laïc, de cette laïcité qui provoque le sens humain de la critique, de la contradiction et du paradoxe. Et s’il n’est pas facile d’être communiste au Parti, il n’est pas simple non plus d’y être laïc. Cette réalité relève encore et toujours de ce flou qui règne à propos des grands thèmes et des grands sujets de société. Mais qu’on le veuille ou non,
faire l’impasse de ce qui nous caractérise ne peut que nous nuire.
Nous ne devons pas apprendre que l’histoire du mouvement ouvrier, il convient aussi de découvrir les projets sociétaux que le socialisme intègre et revendique.
Faisons de la laïcité un combat au nom de la liberté pour tous.

Pas de ravalement de façade
Le PdT a additionné les handicaps ces dernières années :

  • les événements de l’histoire à l’est lui ont été, comme à tous les partis communistes ou marxistes d’Europe, défavorables ;
  • le vieillissement de son encadrement a été aggravé par un " trou générationnel ". Le personnel politique du parti est réduit, faible et mal formé ;
  • l’affaiblissement structurel de la classe ouvrière traditionnelle n’a pas été appréhendé par la direction du parti ; la classe moyenne issue de cette classe ouvrière et les travailleurs du tertiaire n’ont pas suffisamment été pris en considération, pas plus que la jeunesse aux études ;
  • la sophistication des méthodes et techniques de communication a été sous évaluée puis s’est avérée trop coûteuse ;
  • les médias bourgeois sont hostiles au parti ou…célèbrent sa disparition imminente ;
  • la communication interne est limitée, la communication externe n’est pas développée ;
  • l’évolution du consumérisme et l’explosion des tendances individualistes ont rejeté le parti en marge du spectre politique, même dans ses bastions historiques ;
  • Les acquis sociaux ont été supplantés par les acquis individuels, relativisant l’esprit solidaire d’une majorité de citoyens ;
  • le militantisme politique est moins attractif contribuant à la fin de la " dynamique partisane ", l’absence de formation politique des militants a entraîné une paupérisation idéologique ;
  • l’offre électorale s’est étendue à la gauche du PS ;
  • l’offre solidaire et l’action sociale ne sont plus l’apanage de la gauche ;
  • le taux de syndicalisation reste désespérément bas ;
  • les conflits internes et au sein de la gauche combative freinent l’action partisane ;
    les alliances et mésalliances électorales ont rendu le parti perméable au pire comme au meilleur…

La liste n’est pas exhaustive.
Les solutions aux problèmes posés au Parti du Travail sont en priorité internes. Ce ne sont pas les alliances électorales, ou l’antipathie de la presse qui réduisent la visibilité d’un parti politique. Toutes les causes énoncées ci-dessus ne sont pas spécifiques à notre organisation, mais nous devons reconnaître que, pris par les urgences, nous n’avons pas été en mesure de prévoir les éléments perturbants qui, additionnés, nous fragilisent.

Faisons face.
Réévaluons les rôles et les fonctions de nos dirigeants. Créons les conditions d’un contrôle efficace du travail et de l’action de nos camarades désignés à des responsabilités. Un contrôle qui soit, d’abord et avant tout, un soutien.
Je suggère la création d’ateliers aux objectifs déterminés et aux missions définies dans le temps.

  • atelier " communication " (interne et externe) : organisation de la communication générale du parti, Encre Rouge mensuel, organisation des points presse, des contacts individuels avec les journalistes, contribution à Gauchebdo, communication électorale…
  • atelier " administratif " : comptabilité générale, administration, secrétariat, locaux, relations avec les institutions…
  • atelier " économie " : chargé de la recherche des fonds, finances, gestion du patrimoine…
  • atelier " politique " : formation, réflexion politique, négociations politiques, relations inter partis, relations avec les organisations syndicales…
  • atelier " militants " : relations avec les militants, actions nouveaux militants…
  • atelier " social " : bureau d’aide sociale et actions sociales…

L’idée, bien que nos forces soient faibles est de " professionnaliser " la structure. Le CD coopterait un membre de chaque atelier qui assurerait ainsi la communication et rendrait compte des progrès réalisés.


Au lendemain des élections municipales, j’étais favorable à la démission du Président du Parti. Il me semblait évident que Jean Luc Ardite n’était pas soutenu ni formé pour assumer la fonction. C’est une question de décence : un dirigeant isolé ou presque, littéralement " bombardé " dans la fonction, est en danger.
Je propose que Jean Luc, qu’il soit ou non maintenu dans sa fonction par le congrès, soit chargé d’une mission spécifique : les relations avec les jeunes adultes, travailleurs ou non.
Il faut mettre un terme à la " fonction évasive ", que ce soit pour un membre du CD ou un dirigeant actif. Et le moins que l’on puisse faire avant de laisser Jean Luc retourner au turbin, c’est de lui assurer une formation politique et une formation en communication.


" Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en occupe " (Voltaire)
A Gauche Toute ! n’est pas un joli titre pour une alliance électorale. C’est au mieux un bon slogan. A Genève, les négociations, puis les rencontres organisationnelles entre les représentants des partis de la plateforme étaient, selon mes informations et mes quelques participations, légèrement surréalistes. Je n’épiloguerai pas sur le sujet parce que j’accorde beaucoup plus d’importance à notre refondation qu’aux aspects pratiques d’une alliance qui me semble correspondre à des intérêts individuels et personnels. Par contre, mon souci des choix que le congrès fera pour consolider et moderniser le parti, au-delà d’une formation ou d’une ou l’autre activité, me pousse à questionner notre stratégie en matière d’alliance.
Les élections fédérales sont proches. Deux écoles s’opposent : la liste AGT !PdT avec apparentement et la liste unique AGT !.
Parce que je crois vital de nous réorganiser et de travailler à notre restructuration interne, parce qu’aussi, je ne suis pas persuadé que nous devions nous compter alors que nous allons peut-être entreprendre les " travaux d’Hercule " du PdT, je propose que, pour ce prochain scrutin, nous nous associons à la liste commune AGT ! Les réalités à Genève ne sont pas celle du canton de Vaud. Les forces en présence ne sont pas les mêmes. Par contre, nous devrions d’urgence remodeler notre stratégie d’alliance autour de thèmes forts et dénoncer le flou qui caractérise le fonctionnement d’AGT ! Un flou qui nous est très défavorable. Dans ce dossier encore, il ne me semble pas judicieux d’envoyer au front des camarades disposant de trop peu de latitudes pour faire évoluer le débat. Cette stratégie était intéressante à certains moments, elle ne l’est plus. Nous devons faire valoir notre dynamique.

(extraits)Ron Linder
militant du Pdt

vendredi 22 juin 2007

Genève: congrès extraordinaire du Parti du Travail:La nécessaire rigueur du débat

Tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes au "Parti du Travail". Le parti historique de la gauche de la gauche a connu les soubresauts de défaites électorales importantes, les référendum décevants, le divorce délicat –et peut-être inutile- de l’"Alliance de Gauche", les listes communes avec les autres partis progressistes du canton au sein d’"A Gauche Toute !". Il connaît aussi le vieillissement de ses cadres, la fatigue de ses militants, les luttes qui n’en finissent pas de finir…
Il était temps de respirer, de réfléchir, de penser l’avenir. Le "PdT" s’offre une mise au point cadrée : un nécessaire congrès extraordinaire, comme d’autres s’offriraient une cure de bain de boue réparatrice.
Il paraît que l’on ne peut pas être et avoir été. Voilà le dilemme qui se pose aux militants et aux dirigeants d’une organisation à laquelle on peut tout reprocher sauf l’essentiel : elle fut de toutes les luttes pour le bien-être des gens et pour le justice sociale. A ce point présente qu’elle déclencha et déclenche encore l’ire et l’animosité des bourgeois.
Le congrès extraordinaire, qui se tiendra le 23 juin, devra répondre à deux grandes questions : quelle modernisation interne et quelles actions s’imposent pour remettre avec efficacité le Parti au service du citoyen ? Comment maintenir et dynamiser l’identité du "PdT" pour mieux envisager les alliances électorales et politiques les plus efficaces ? En d’autres termes, les délégués devront traiter de tout ce qui fâche à l’intérieur et à l’extérieur du parti. Or, tout le monde sait à quel point il est parfois difficile de rester les amis de ses amis.

RLr, Gauchebdo, Suisse, Juin 2007

Suisse: Pierre Vanek, "A Gauche Toute!" et l’ambition nationale

Pierre Vanek, le conseiller national genevois se veut consensuel, réaliste et, à la veille du Congrès extraordinaire du Parti du Travail (Genève), raisonnablement inquiet à l’idée que les forces progressistes ne partent pas unies, sous le label " A Gauche Toute ! " pour les prochaines les élections fédérales (octobre 2007). La décision des Vaudois de se lancer avec deux listes "AGT !" ("POP" et "solidaritéS") apparentées le laisse perplexe: " A Genève, avec une liste commune, les relations avec la presse seraient simplifiées, notre crédibilité mieux assise et notre lisibilité plus cadrée. Si on part avec quatre têtes de listes, les gens ne comprendront pas. Dans l’absolu, il s’agit de créer une alliance nationale qui réunit les petits partis à la gauche du PS. Le localisme suisse nous pose problème: nous sommes essentiellement romands, le niveau de la politique nationale ne s’impose pas à nos organisations locales. Il me semble évident qu’un front s’impose, que nous n’attirerons pas les progressistes de Suisse alémanique si nous apparaissons divisés. Il est vrai que nous n’avons pas encore assez " travaillé " la Suisse allemande pour envisager une dynamique commune. Sans un élu alémanique, cette image nationale d’"AGT !" manquera. La bonne surprise pourrait venir de Zurich avec la Gauche alternative."

Nous devons apprendre à nous concentrer sur quelques objectifs
Le secrétaire de "solidaritéS", élu en 2003 sur la liste "Alliance de Gauche", semble conscient que la communication n’est pas le problème fondamental posé par la plate forme AGT !: " nous devons réapprendre à débattre, à fonctionner ensemble, à moderniser la gauche de la gauche. Il s’agit de construire une machine politique, de réunir les militants des organisations et de leur donner les moyens de décider l’action. Que ce soit au Parlement ou dans les batailles extérieures au Parlement, nous sommes tous au four et au moulin. c’est notre faiblesse. On en fait trop. Finalement, je suis un " mauvais parlementaire " : je me soucie de mon activité d’élu et en même temps je suis partie prenante aux luttes. Mais sans groupe parlementaire à Berne, c'est-à-dire cinq élus, nous ne disposons pas des moyens d’actions pour mieux gérer notre travail et, par conséquent soutenir mieux nos priorités. Nous devons apprendre à nous concentrer sur quelques objectifs. C’est aussi la cohésion entre les organisations qui s’impose. Nous pouvons caresser l’espoir de voir ce groupe parlementaire exister pour la prochaine législature : cinq élus sont possible, au moins un à Genève, deux dans le canton de Vaud, un à Neuchatel et un à Zurich. Mais c’est dans l’unité que les choses sont possibles... Si l’on tient compte des forces en présence, les 41% obtenus par le nom au référendum sur l’AI, c’est… carrément un succès. Les socialistes et l’"USS" nous ont rejoint sur le tard, on a réussi à changer le point de vue syndical sur les règles de l’AI. Au moins, nous avons fait barrage aux provocations de l’"UDC" sur les abus et sur ses volets ultra xénophobes. Par contre, nous avons du renoncer au référendum sur l’électricité et sa privatisation, nous n’avions pas les relais nationaux nécessaires… C’est pour moi une défaite redoutable. Le service public reste une lutte essentielle.

"AGT" c'est beaucoup mieux que rien!
On peut dire ce que l’on veut dans les partis de gauche, "AGT !" c’est loin d’être parfait, mais c’est beaucoup mieux que rien ! Nous sommes tous d’accord pour dire que c’est une alliance. Par définition l’alliance électorale est ce que les partenaires qui la composent en font. Si cela ne convient pas, qu’ils la changent. "

propos recueillis, Gauchebdo, Suisse, Juin 2007

Israël-Palestine: Libérez Marwan Barghouti !

L’histoire se fait mais ne se défait pas. Le putsh militaire et la prise de pouvoir du Hamas à Gaza n’étaient pas inscrits sur les tablettes des moyen orientalistes les plus avertis. L’animosité entre les bras armés des islamistes et du Fatah avait pris des proportions dramatiques ces dernières semaines, mais la volonté de maintenir un positionnement légitimiste et légaliste, de part et d’autre, semblait acquise. Le scénario catastrophe ne correspondait pas à la réalité du terrain et d’aucuns à Gaza envisagent de curieuses analyses pour comprendre ou faire admettre que 1.300.000 personnes vivent depuis quelques jours sous le joug de bandes armées se réclamant du Hamas, mais n’obéissant pas ou très moyennement à un commandement unique. Certains s’inquiètent de la débandade des troupes de sécurité palestiniennes abandonnées à elles-mêmes, sans consignes ou sans ordres, mais en principe mieux armées et mieux organisées. D’autres croient en une magistrale bavure, un " accident de parcours " des islamistes qui n’étaient pas sensés investir le quartier général des troupes de l’Autorité palestinienne au centre ville, et par là même, occuper de facto militairement toute la bande de Gaza. Le Président Abbas dénonce, lui, un coup d’Etat soutenu depuis l’étranger.

Il ne peut y avoir deux Palestine"s"
Les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël se sont sentis pousser des ailes pour soutenir Mahmoud Abbas et le nouveau gouvernement qu’il a désigné dans l’urgence. Puisque la coalition d’union nationale dirigée par Ismaël Haniyeh, le dirigeant du Hamas, est rejetée par le Président qui estime impossible de poursuivre le dialogue inter palestinien, les Occidentaux oeuvrent pour la reprise des rencontres et des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens. Par la même occasion, les fonds promis ou dus aux Palestiniens et bloqués depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas, seraient à nouveau disponibles. Les médias occidentaux insistent sur l’existence, désormais, de deux Palestines, une islamiste et une autre qu’ils qualifieraient presque de pro-occidentale. Le problème étant qu’il n’y a pas encore une Palestine, et que si elle devait enfin voir le jour, elle serait identique à Gaza et Ramallah. Le Président Abbas est le chef de l’Autorité Palestinienne, mais surtout en charge du peuple de Palestine à Gaza ou Ramallah. Le Hamas est un interlocuteur dont il n’est pas possible de faire fi. Un interlocuteur dont les sbires se sont comportés comme des bandes fascistes s’attaquant aux institutions, mais un interlocuteur dont la légitimité populaire est indéniable. Ce ne seront pas les Israéliens ou les Américains qui aborderont le problème qui fera sans doute imploser la société palestinienne. Et personne ne fera la paix sans avoir résolu d’une manière ou d’une autre le problème posé à Gaza.

Une solution politique existerait...dans les prisons d'Israël
Israël est en mesure de montrer que sa bonne volonté éventuelle à l’égard des Palestiniens ne vise pas uniquement à remercier George Bush et son administration à l’occasion de la signature d’un nouvel accord décennal fixant l’aide militaire américaine à plus de 2,5 milliards de dollars par an. En libérant Marwan Barghouti, condamné à la prison à vie…plus quarante ans, l’état hébreu rendrait aux Palestiniens l’homme le plus à même de contribuer à une solution politique entre le Hamas et le Fatah dont il est issu, puis entre les Palestiniens unis et Israël. Barghouti compte parmi les dirigeants les plus populaires partout en Palestine et en Diaspora. Il fut homme de guerre, il est homme de paix, appelant sans relâche les Palestiniens à négocier leur avenir sans perdre leur dignité. Et avec Barghouti, des centaines d’autres prisonniers, militants du Fatah et du Hamas pourraient, s’ils étaient libérés, assurer le dialogue entre les belligérants. En attendant, la première mesure prise par les autorités israéliennes après le coup d’état à Gaza, fut de séparer les prisonniers selon leur appartenance au Hamas ou au Fatah sans que le moindre conflit entre eux n’ait vu le jour.
Pour la paix, Israël doit prendre le risque d’aider la Palestine, de la respecter. Mahmoud Abbas, seul, est en grand danger. Et la tentation d’Israël et des Américains d’en faire leur jouet est suicidaire.

Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, Juin 2007

jeudi 14 juin 2007

Genève: le 23 juin, le Parti du Travail se remet en question

Le Parti du Travail doit se poser toutes les questions et envisager toutes les évolutions possibles afin de se resituer. Le 23 juin prochain, le PdT organisera un congrès extraordinaire, non seulement pour désigner de nouvelles instances après des revers électoraux que les dirigeants du PdT ne veulent pas mésestimer, mais aussi et surtout pour reconsidérer les besoins d’une organisation capable de répondre aux besoins de la population. Jean Spielmann, indépendamment des échéances électorales, préconise un travail de refondation de la structure partisane: organisation et fonctionnement des sections, encadrement des nouveaux membres, formation théorique des militants, liens avec les organisations syndicales... "Le parti est un instrument qui doit être le plus affûté possible. Si ce parti ne sait pas s’adresser aux travailleurs sur les questions qui les préoccupent, il perd sa raison d’être. Or nous passons à côté de toute une série de batailles, comme, par exemple, poser le problème du statut des travailleurs, du contrôle des conditions de travail et des conditions sociales. (…)." Pour Jean Spielmann, le parti doit aussi s’interroger sur la désaffection du public pour la politique, de même que sur la faiblesse de la gauche dans la lutte idéologique.
Jean-Luc Ardite, le Président du PdT, s’interroge sur l’efficacité des alliances électorales, en particulier sur la plate-forme AGT ! L’absence de visibilité du PdT au sein d’AGT! incite à revoir les modalités de l’alliance. Jean Luc Ardite plaide pour un sous-apparentement des quatre composantes de la coalition aux élections fédérales d’octobre, afin de mieux faire apparaître l’appartenance partisane des candidats. Une option qui fera assurément débat, puisqu’une partie des militants serait plutôt favorable à la poursuite d’un apparentement intégral, comme pratiqué jusqu’ici. Le recul électoral du PdT appelle surtout une réflexion sur son organisation interne. "La perte de sept conseillers municipaux issus du PdT dans les grandes communes [2 à Genève, 3 à Meyrin, 1 à Carouge et 1 à Vernier, ndlr] et la défaite de Nelly Buntschu au Conseil administratif de Vernier montre que nous n’arrivons plus à attirer les gens, explique le dirigeant cantonal. Le parti doit donc se remettre en question, notamment pour comprendre pourquoi une partie de son électorat s’est dirigé vers des formations telles que l’UDC ou le MCG."
Arnaud Crevoisiser, Gauchebdo, Suisse, juin 2007

Belgique: Les Flamingants

Pays du chocolat, siège de grandes banques, cœur géographique de la métallurgie européenne et des mines de charbon, empire colonial, plaque tournante mondiale du diamant, le royaume de Belgique fut un jour comparé à la Suisse pour sa richesse et la qualité de vie dont semblaient jouir ses habitants. C’était il y a cinquante ans à peine. La Wallonie industrieuse tirait la " pauvre " Flandre vers des lendemains meilleurs. Puis tout a changé. Les industries wallonnes et les mines ont disparu, la Flandre s’est découverte fière et efficace, ses fils devinrent chercheurs. La Belgique devint fédérale. Entre les Wallons, pas encore persuadés de la perte de leurs richesses, les Bruxellois francophones, bilingues et européens et les Flamands convaincus que leur avenir s’écriraient mieux sans leurs cousins " franchouillards et fainéants ", il n’y a plus en commun qu’une famille royale décriée, une équipe nationale de football médiocre, deux joueuses de tennis et le chocolat. En Belgique, ce sont souvent les émigrés qui restent attachés à l’unité du pays. La Flandre, au nom de sa volonté autonomiste, du nationalisme, de l’efficacité économique qu’elle revendique, vote plus à droite qu’à droite. Le discours des fascistes du Vlaams Belang et d’une liste populiste a attiré près de 25% des électeurs flamands dimanche dernier, à l’occasion des législatives. Et pour faire le plein des voix (31%), le dirigeant démocrate chrétien Yves Leterme a joué les réactionnaires éclairés accusant les Wallons de tous les maux ne leur accordant qu’une circonstance atténuante : l’impact nocif du parti socialiste sur leur quotidien. Pour ne pas être en reste, Yves Leterme, s’est lancé dans le désormais très moderne discours sur la dangerosité potentielle ou effective des étrangers, posant, comme tous les hommes politiques de droite d’Europe et d’ailleurs, la question de l’immigration en termes sécuritaires et d’identité et priorité nationales. Son slogan : " Droiture, sécurité, certitude "
Le nationalisme flamand n’est pas une bonne nouvelle pour l’Europe. Il n’a rien de moderne, de visionnaire. Les tabous de son Histoire hantent encore les villes et les villages du plat pays :

Nazis pendant les guerres
Et catholiques entre elles
Vous oscillez sans cesse
Du fusil au missel

Chantait Jacques Brel à propos des flamingants, ces nationalistes dont les héritiers sont les vainqueurs indiscutables des joutes électorales, ces dernières années. Il ajoutait :

Vous salissez la Flandre
Mais le Flandre vous juge.
Voyez la Mer du nord
Elle s’est enfuie de Bruges.
L’Europe politique devient nauséabonde… " De Londres à Berlin " aurait dit Brel… mais plus loin aussi. Jusqu’à Varsovie, Moscou...
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, juin 2007
Le fascisme revient. Ne pas le dire, ne pas l'écrire est une forme de non assistance à personne en danger. Mais le dire ou l'écrire semble si peu crédible aux femmes et aux hommes de bonne volonté.

jeudi 7 juin 2007

Israël-Palestine…messianisme coupable ?

Naïm Khader, directeur du Centre D’Etude du Monde Arabe Contemporain, à Louvain-la-Neuve en Belgique évalue pour Gauchebdo les retombées et les suites de la Guerre des six jours de 1967.

Israël était-il condamné à faire la guerre en 1967 et pourquoi avoir compliqué sa victoire d’une occupation?
L’Histoire retiendra que c’est Tsahal (l’armée israélienne) qui a déclenché le conflit contre l’Egypte au terme d’une période de forte tension régionale. Mais l’Histoire retiendra surtout les conséquences du conflit: l’Etat d’Israël a occupé un territoire quatre fois plus grand que le sien, un territoire peuplé. Il était alors possible de monnayer la victoire militaire. Certains dirigeants israéliens étaient hostiles à l’idée d’une occupation à long terme de la Cisjordanie ou de Gaza. Mais la majorité d’entre eux, et particulièrement les militaires, sont tombés dans le pire des pièges, celui de la folie des grandeurs auquel s’ajoutait une vision irrationnelle de la réalité sur le terrain. En peu de temps, cette occupation, particulièrement en Cisjordanie a pris des dimensions messianiques.
Comment se fait-il que l’existence d’une population nombreuse dans les territoires occupés et tout ce que cela impliquait comme logistique et comme stratégie, en 1967 n’ait pas inquiété les dirigeants israéliens ? La Cisjordanie et Jérusalem-Est n’étaient pas des objectifs au premier jour de la guerre…
Israël n’était pas en danger en 1967. Les généraux le savaient. Le monde entier l’ignorait. Les Israéliens ont réussi une formidable action de propagande pour gagner la sympathie des opinions publiques. Mais ce que, curieusement leurs meilleurs spécialistes n’avaient pas pris en considération, c’était l’existence des Palestiniens. En 1967, moins de vingt ans après la création de leur état sur une partie du sol de la Palestine, les Israéliens entrent en contact avec une population qui subsistait dans l’anonymat. Le mythe de l’invisibilité palestinienne, du territoire sans habitants, auxquels avaient tant voulu croire les fondateurs de l’Etat juif, ce mythe s’effondre. Et les effets pervers de la victoire militaire mais surtout de l’occupation apparaissent peu à peu. C’est le réveil du peuple Palestinien. La défaite arabe est un électrochoc. Les Palestiniens comprennent enfin qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Ils vont tant bien que mal s’organiser et s’identifier au Fatah de Yasser Arafat et à l’Organisation de Libération de la Palestine.
On dit aujourd’hui que la guerre des six jours n’est pas finie ?
Elle ne l’est pas. Elle est même, d’un point de vue militaire, dans une phase de dangerosité supérieure à jamais. Avec la défaite de Nasser, s’effondrait l’idée de l’arabisme séculier qui s’était développé dans les années 50 et 60. Il y eut un vide idéologique dans les années 70, et c’est dans ce vide que l’islamisme s’est engouffré.
En Palestine, Yasser Arafat et le Fatah développaient cette idée de l’identité nationale et du sécularisme. Et ce sont les Israéliens qui ont contribué au renforcement des tendances islamistes en Palestine, pour abattre le Fatah et son chef. Ils ont " promu " en quelque sorte le Djihad et le Hamas... un peu comme les Américains en Afghanistan qui avaient soutenu les organisations islamiques contre le régime pro soviétique de Najibullah. Ces volontaires anticommunistes ont constitué la base d’El Queïda.
La question palestinienne n’est plus la seule qui puisse assurer la paix dans la région…
La pacification du Moyen Orient passe en priorité par la résolution de la question palestinienne, parce que, d’une manière ou d’une autre, tout est parti de là. Les conflits en cours dans la région et même au-delà détournent les belligérants et le monde de l’essentiel. La paix, si la paix est possible, passe par la Palestine.
propos recueuillis, Gauchebdo, Suisse, Juin 2007

Israël-Palestine: Pour une paix laïque

La paix n’est possible qu’avec un ennemi. Toute autre considération est débile. Au Proche Orient, Israéliens et Palestiniens sont suffisamment ennemis pour s’offrir une paix formidable. Une paix qui prévoit tout : le pardon, l’ouverture, le soutien mutuel, le respect, un regard commun sur l’avenir … une paix qui prévoie une société laïque. Les champions de la foi, toutes religions confondues envisagent la paix confuse ou impossible puisque toujours éloignée de leurs priorités. Les extrémistes juifs, les islamistes, les évangélistes américains ont contribué à rendre le dialogue insupportable. Curieusement quand les laïques dialoguent au plus haut niveau entre Israéliens et Palestiniens, les propositions originales et osées fusent. Jérusalem n’est plus un problème mais une solution pour les deux peuples, le droit au retour des réfugiés palestiniens ne correspond plus à une tentative d’éradication de l’Etat d’Israël puisque des solutions humanistes sont envisagées pour mettre fin à l’horreur des camps de réfugiés, les colons religieux qui occupent la terre palestinienne rentrent chez eux en Israël, les fêlés de Dieu du Hamas ou du Djihad sont désarmés.
Les citoyens palestiniens rendent visite à leur famille, partout dans le monde, depuis l’aéroport international de Gaza, avec le passeport de la République de Palestine. Les produits agroalimentaires du pays font concurrence à ceux de leurs voisins…
Impossible ?
Pourquoi ? parce que les juifs et les arabes ne sont pas capables de s’entendre, d’imaginer la paix ? Ou parce qu’ils sont les jouets d’une Amérique virulente et d’une Europe peureuse ?
Les Israéliens ont entraîné la majorité des juifs du monde dans une sorte de guérilla plus ou moins intellectuelle contre la Palestine et son peuple. Les Musulmans arabes ou non, ont fait de la Palestine, un fonds de commerce qui accapare les passions. Dans les deux cas, les peuples et les communautés sont les dindons de la farce. Comme s’il était acceptable que le sort du monde se joue entre dirigeants plus ou moins bien élus…
Puis, benoîtement, on s’étonne de l’influence de groupes politico religieux qui échappent aux pouvoirs établis. Et qui compliquent tout.
On a le droit de rêver d’ une paix laïque.
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, Juin 2007

Une histoire palestinienne

Chaker Al Abbsi aimait jouer au tennis de table. Il était plutôt bon élève et fréquentait l’école de Wehdat, dans la banlieue d’Amann en Jordanie. Plus tard, il tenta une école de médecine pour finalement se consacrer à une formation d’aviateur. Voilà l’histoire presque banale d’un homme intelligent qui fait son chemin. Sauf que ce chemin a mené Chaker Al Abbsi dans un faubourg de Tripoli au Liban où il commande le Fatah al-Islam, ce groupe armé islamique réfugié dans un camp palestinien pilonné par l’armée libanaise. L’histoire de Chaker, c’est l’histoire de la dérive et du désespoir des hommes et des femmes qui croient, pensent ou constatent n’avoir plus rien à perdre. Chaker Al Abbsi est né dans un camp palestinien près de Jéricho en Cisjordanie qu’il quitta avec sa famille pour la Jordanie au lendemain de la guerre des six jours. Son frère, Abdel Razak, un médecin, a raconté au Monde le parcours de ce terroriste patenté qui contribue aujourd’hui à la déstabilisation du Liban.
C’est une histoire palestinienne. Pas la plus belle. Désespérante et désespérée. Chaker a été membre du Fatah qui lui organisera sa formation de pilote en Lybie, pays dont il deviendra citoyen. Il combattra contre les Israéliens en 1982 au Liban puis se retrouvera instructeur pour pilotes de chasse au Yémen du Nord. " Le djihadisme international n’attirait pas Chaker", dit son frère… C’est l’histoire d’une frustration permanente, d’une humiliation systématique qui rend les Hommes fous et furieux. Chaker Al Abbsi n’a pas échappé à la règle. Il trouva refuge dans la religion puis dans l’excès de religion. Il ne correspond pas, loin s’en faut, au " Palestinien moyen " mais il est emblématique du " damné de la terre " au propre comme au figuré. Les Palestiniens vivent dans la misère : 1.300.000 personnes sur une population de 3.700.000 vivent avec moins de 2,4 dollars par jour. Entre un quart et la moitié de la population en âge de travailler est sans emploi. Israël retient 700 millions de dollars de droits d’imposition appartenant à l’Autorité palestinienne. Certains fonctionnaires ne sont plus payés depuis des mois. Les Palestiniens de Gaza ne peuvent séjourner en Cisjordanie. Jérusalem-Est est fermée à pratiquement toute la population palestinienne… Les territoires palestiniens autonomes sont l’ombre de ce que les accords d’Oslo avaient prévus… Et puis il y a le mur qui brise la Palestine à la quelle plus personne ne semble croire. " Mon rêve, dit Ranya Madi, l’animatrice de l’ONG PADIL, une organisation de soutien aux réfugiés, c’est un pays pour deux peuples et si je m’en tiens aux réalités, je ne suis plus tellement plus utopiste que ne le sont ceux qui croient à deux états côte à côte. Au moins, dans un pays commun, l’idée du retour des réfugiés palestiniens sur leur terre sera réaliste. "
Israël ne veut pas la paix. Pas la paix pour tous, pas la paix des braves qu’espérait Yasser Arafat. Ni même celle qu’Itzkhak Rabin avait signée à Oslo en 1993.
Potentiellement, il existe des Chaker Al Abbsi parmi les colons et leurs alliés de l’extrême droite israélienne. Mais un terroriste haineux agissant sur ordre, en uniforme homologué par l’ONU, au nom d'une quelconque légitimité antiterroriste, fait moins mauvaise figure qu’un islamiste haineux.
En 1967, Israël a peut–être perdu son âme. Personne ne semble vouloir l’aider à la retrouver. Les pacifistes israéliens sont plus que jamais isolés.

mardi 5 juin 2007

Belgique: Jacques Nagels pour un socialisme possible et nécessaire

En mauve, les textes repris dans d'autres médias

Les Belges voteront le 10 juin pour renouveler leurs parlements. Le relativement fantomatique Parti communiste a déposé des listes dans les provinces francophones sans espoir particulier si ce n'est celui de confirmer son existence à celles et ceux - surtout à gauche - qui l'ont enterré depuis des lustres.
Parmi les candidats au Sénat, Jacques Nagels, ancien professeur d'Economie à l'Université libre de Bruxelles, oeuvre pour une réévaluation des acquits et des valeurs du socialisme:

"Il faut mettre un arrêt aux privatisations et promouvoir des services publics de qualité et efficients, il faut stopper la précarisation notamment en renforçant la sécurité sociale, il faut des transports en commun gratuits et efficaces, il faut une fiscalité plus équitable. L’application de ces mesures concrètes et partielles nous rapprochera du socialisme que j’appelle de mes voeux

La raison en est simple : je suis devenu membre du PCB à l’âge de 21 ans parce que les objectifs du Parti – et à long terme la volonté d’instaurer le socialisme – correspondaient intégralement à ma vision du monde. Aujourd’hui, en 2007, la société n’a pas fondamentalement changé, elle est toujours capitaliste et les objectifs de jadis restent les mêmes.

On pourrait me rétorquer : partout où le socialisme a été instauré, il s’est effondré ou il s’est mué en un système social qui n’a plus rien à voir avec le socialisme. Je ne le nie pas. C’est la triste vérité historique. Cela enlève-t-il quelque chose à l’idéal socialiste ? Ma réponse est catégorique : NON.
En fait, le projet " socialiste " en URSS, en Europe de l’Est, en Chine, a été perverti. L’expérience de la construction du socialisme a échoué.
Cela discrédite-t-il toute tentative de construire le socialisme ? La réponse est toute aussi ferme : NON.
Cette construction du socialisme doit prendre en compte les échecs du " socialisme réalisé " et, à partir de là, œuvrer pour un projet de socialisme authentique.
C’est un socialisme démocratique qui non seulement prend en compte le verdict des urnes mais qui de surcroît exerce un contrôle des électeurs sur les élus, qui recourt à des référendums d’initiative populaire quand des questions majeures se posent…
C'est-à-dire un socialisme qui s’en prend frontalement au pouvoir exorbitant des grandes entreprises multinationales et nationales. Qui interdit au grand capital de prendre la poudre d’escampette quand le taux de profit est plus élevé dans d’autres régions du monde. Qui l’oblige d’investir à l’intérieur de nos frontières et donc de créer de l’emploi. Et s’il refuse de s’incliner, la sanction sera simple : une participation croissante de l’Etat dans le capital. La nationalisation n’interviendra que si le grand capital pèche par incivisme.
C'est-à-dire un socialisme qui modernise l’appareil de production en investissant massivement dans la recherche – développement et dans les nouvelles technologies. Dans ce domaine, la Belgique accuse des retards significatifs. Ici encore, une législation appropriée peut forcer le capital à investir plutôt qu’à satisfaire le plaisir de ses actionnaires.
Dans l’immédiat il faut mettre un arrêt aux privatisations et promouvoir des services publics de qualité et efficients, il faut stopper la précarisation notamment en renforçant la sécurité sociale, il faut des transports en commun gratuits et efficaces, il faut une fiscalité plus équitable. L’application de ces mesures concrètes et partielles nous rapprochera du socialisme que j’appelle de mes voeux."
source: http://www.particommuniste.be/

samedi 2 juin 2007

Notes djazzy: foi d'incroyant, la messe n'est pas dite

Je me lance dans l'"impro", je vais me payer un "boeuf" de temps à autre sur toutes les scènes de l'actualité et des idées.
Aux articles publiés dans Gauchebdo, j'ajouterai désormais sur ce blog, en rouge dans le texte, des petits solos de batterie plus ou moins énergiques, toujours subjectifs.

Pas d'opinion à l'emporte-pièce, des réflexions, des nostalgies, quelques souvenirs ou le témoignage de la mémoire des autres, des plans sur la comète sans doute, des projets et des idées décortiquées autant que faire se peut. Mais l'un dans l'autre, il faudra que ça swingue, que ça balance... Parce que les trémolos désespérés de mes petits camarades me fatiguent et que... foi d'incroyant, la messe n'est pas dite: l'avenir est à ceux qui se révoltent tôt contre les tranquilles arrogances des champions de la finance et les ambitions méprisantes des intégristes religieux de tous poils. Si la gauche devait, par inadvertance, ne plus exister par elle-même, par l'expression et la communication de ses idées, elle existera pour réagir aux volontés assassines d'un pape, d'un mollah, d'un rabbin ou des marchands d'armes, institutionnels ou non, partenaires privilégiés de grands médias, de banquiers mondiaux, de pollueurs.
Le socialisme, cette philosophie qui suggère le progrès collectif plutôt que le progrès égoïste, est un recours... celui des femmes et des hommes libres, solidaires et conscients des réalités. Un recours d'autant plus actuel qu'il assume ses fautes et ses erreurs dans l'Histoire.
Réécrivons les fondamentaux d'un communisme occidental. Relisons Marx et replaçons ses idées dans le contexte d'une Europe qui a cessé d'être le centre du Monde. Rendons à la laïcité sa fonction essentielle: provoquer le sens humain de la critique, de la contradiction et du paradoxe.
Mais avant tout, retrouvons le sourire.


Suisse: Lecteur, mon héraut

L'hebdomadaire progressiste suisse Gauchebdo s'adresse à ses lecteurs

Selon un récent sondage britannique, le militantisme et l’implication des citoyens dans l’action associative, sociale ou politique n’attireraient plus grand monde. La solidarité, sous une forme ou sous une autre, religieuse ou laïque, le bénévolat, étaient pourtant un trait du mode de vie britannique. Le sondage de l’Institut Yougov ne laisse désormais planer aucun doute : le " chacun pour soi " a la côte. Plus intriguant, nombre de bénévoles envisagent leur action dans l’espoir ou l’attente d’une reconnaissance quelconque. Les partis politiques du pays ont perdus en moyenne 90% de leurs membres en cinquante ans. Et encore, il est nécessaire de ne pas confondre membres et militants.
C’est partout pareil ! Le marketing aidant, certains partis français ont gonflé leur chiffres par des campagnes sur Internet, offrant un droit de vote, une photo dédicacée du président…L’abonnement à la revue interne du parti est en option. Résultat : selon certains experts, sur les plus de soixante millions de Français, il n’y a pas 700.000 encartés politiques. A peine un pour cent, en comptabilisant tous les petits nouveaux attirés par la photos dédicacée du Président. Et, parce que, sans doute ne faut-il pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, le PCF attire encore plus de 90.000 membres. Il est donc loin le temps où le " premier parti de France ", le Parti communiste comptabilisait son " millionième camarade".
Dans les autres pays d’Europe, les organisations politiques comptent surtout sur des flopées d’associations culturelles, aux intérêts parfois très larges, à priori peu politiques et qui n’exigent pas d’engagement personnel, pour constituer leur clientèle. Les militants sont peu nombreux, les sympathisants, assidus ou non, foisonnent.
Le PST n’a évidemment pas échappé au sort réservé aux organisations politiques. Il doit gagner à la cause de la justice sociale de nouveaux militants, former des cadres, étendre le cercle de ses sympathisants. Ce sont trois tâches spécifiques qui s’imposent. Et, pour chacune de ces trois tâches, l’outil de communication s’appelle… Gauchebdo.
Chaque lecteur, abonné ou non, est un ambassadeur, un militant, un sympathisant. Il n’y a pas de lecteur neutre. Chaque lecteur est le héraut des idées exprimées dans ce journal. A lui de permettre le développement de cet hebdomadaire en le faisant mieux connaître ou contribuant à sa promotion.… C’est ça aussi lutter, militer ou sympathiser.
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, mai 2007

Procès kafkaïen à Beyrouth

Pacifier le Liban, relève d’un vœu pieux ou plus prosaïquement d’une improbabilité cyniquement exprimée.
Une résolution des Nations Unies a été votée établissant un " tribunal spécial mixte " pour juger les responsables de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafik Hariri. Les autorités syriennes sont directement visées. Le chapitre VII de la charte de l’ONU sur lequel repose la constitution du tribunal spécial, autorise un recours à la force si, par exemple, la Syrie s’opposait au bon déroulement du procès. Les partis politiques libanais divisés sur les conditions du fonctionnement d’un tel tribunal, c’est l’ONU qui en a décrété la création.
Beaucoup de Libanais applaudissent à la décision du Conseil de Sécurité. Beaucoup d’autres s’inquiètent à l’idée que le pays soit à nouveau divisé.
Pendant ce temps, dans le nord du pays, un groupuscule armé, islamique, non palestinien, affronte l’armée libanaise dans un camp de réfugiés palestiniens, Nahr A-Bared… On compte les morts par dizaine et comble de l’absurdité, les réfugiés se réfugient par milliers dans un autre camp de réfugiés.
Le Liban peine à devenir ce que ses citoyens voudraient qu’il soit..
A moins de résoudre la question palestinienne dont le problème des réfugiés posé depuis 1948, le conflit intérieur entre le Hamas et le Fatah, l’œuvre destructrice des troupes israéliennes qui entraîne l’étranglement de l’économie et de l’administration, les camps de réfugiés au Liban ne se videront pas. Ils constitueront encore et toujours un Etat dans l’Etat. Un Etat misérable dans un Etat fragile.
A moins d’empêcher le gouvernement israélien d’intervenir sur le territoire libanais, le Hezbollah pèsera lourdement et légitimement sur la vie publique du pays, au nom de la résistance et dans un contexte d’alliance objective, idéologique et pratique avec l’Iran et la Syrie. Parce que sur la frontière israélo-libanaise s’affrontent des combattants mais aussi et surtout deux conceptions du monde. Les politiciens à Beyrouth n’ignorent pas que les cartes d’Etat major ne sont pas les mêmes à Damas. Un accord de paix entre Israël et la Syrie est la condition sine qua non pour que la géopolitique régionale rende le Liban moins stratégiquement attrayant.
Et si les Américains ne rendent pas l’Irak aux Irakiens, sans omettre les exigences des Kurdes dont l’autonomie sera contestée par la Turquie ou la Syrie, si les ambitions nucléaires iraniennes ne sont pas rencontrées pacifiquement, le Liban ne sortira pas de l’ornière..
Le tribunal spécial de l’ONU traitera-t-il de toutes ces péripéties pour évaluer les responsabilités lors du procès sur l’assassinat de Rafik Hariri ?
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, mai 2007

Vive la Rance

Vous lui voulez quoi à Nicolas Sarkozy, le nouveau président de la République française ? Il a dit : " je suis de droite… j’ai des tas d’amis parmi les riches, les chanteurs populaires, les patrons, les célébrités de la télé…Je suis aimé par Johnny Haliday et même par Mireille Mathieu… Si Mireille m’aime, la France m’aime… donc je suis élu. J’ai gagné. Merci. Merci à tous, merci à mon parolier qui m’a fait dire que j’étais à ma place à l’usine pendant que d’autres se pavanaient dans les grands hôtels, que la France était grande et belle, que je m’occuperai de tout et que tout ira mieux… Merci aux électeurs qui ont cru ce que je disais…. ". Et puis, sans surprise, le futur nouveau président de la république fait ce qu’il dit. Il dit merci à ses potes, il accepte une invitation du propriétaire du Fouquet’s par exemple, un grand casinotier qui espère une loi pour autoriser les jeux d’argent sur Internet depuis la France, et se concentre sur sa mission, à l’invitation de la famille Boloré, des amis milliardaires de toujours, sur un yacht de luxe. Il a le sens de l’amitié Nicolas S. Un peu comme Georges Pompidou, un homme très cultivé, lui aussi président d’une République des Copains au début des années septante… C’était Alain Delon, le copain en chef de Pompidou. Mais Sarkozy c’est l’homme de l’avenir. Les riches en sont persuadés. Johnny déserte Gstaadt. Sarkozy rend déjà service à Blocher en rapatriant un étranger. Il y en a pour cinq ans… Cinq ans qui feront à n’en pas douter la fortune des médias satyriques, des chansonniers et peut être le malheur de millions de français qui n’auront pas compris le sens de " travailler plus pour gagner plus ".
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, mai 2007

Genève: Rémy Pagani, " tête de turc " et élu du peuple

A l’instar des autres institutions du pays, la presse suisse a tendance à privilégier le consensus dans à peu près tous les domaines politiques. Sauf quand il s’agit de la gauche combative qu’elle définit par deux vocables qu’elle espère injurieux : l’extrême gauche ou les communistes. La presse bourgeoise ne sait pas que les progressistes font contre mauvaise fortune bon cœur : il s’est créé une sorte de classement virtuel des politiciens ou organisations les plus vilipendés. Dans le canton de Vaud, par exemple, Josef Zisyadis fait la course en tête depuis des années, avec cette particularité qu’il jouit aussi d’une sorte d’aura parmi ses détracteurs. A Genève, par contre, le Parti du Travail assume le rôle de brebis galeuse depuis des décennies emmené par son conseiller administratif André Hédiger, médiatiquement lapidé par les meilleures plumes du canton. A la veille de la retraite du maire de Genève, apparaît, heureusement pour nos confrères, " l’ennemi public numéro 1 du consensus mou ", Rémy Pagani, " le syndicaliste ", une autre appellation non contrôlée pour certains. Il n’a même pas eu le temps d’envisager de faire la moindre gaffe, Rémy, qu’il est déjà la " tête de turc " des quelques serviteurs zélés et parfois doués d’une Suisse au-dessus de tout soupçon. Dans un raccourci savoureux, un collaborateur de l’Hebdo qui répond au doux prénom de Titus a résumé l’état de la gauche combative romande : Pagani serait une sorte de Zysiadis en pire.
Donc Pagani monte en flèche dans le classement des " insupportables "… Ainsi va la presse.
Par contre, la gauche combative, partenaire de l’alternative ne fera pas contre mauvaise fortune bon cœur si le conseiller administratif sorti de ses rangs n’est pas respecté. Rémy Pagani, par son expérience et son sens politique, est en mesure d’assumer n’importe quelle responsabilité pour contribuer au développement de la ville. Aux Finances, comme à l’Aménagement ou au Social. Mais l’idée qu’il obtienne son mandat par défaut ne serait pas rassurante. Les Genevois n’ont-ils pas clairement fait savoir que les compétences doivent primer sur toute préséance politique ? N’est ce pas aussi ainsi qu’il faut comprendre le vote massif et compact en faveur de la Gauche. N’en déplaise à la presse locale.
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, mai 2007

Europe: La gauche à toutes les sauces du libéralisme

Le recentrage des partis socialistes en Europe sera peut-être l’opportunité pour rebâtir une gauche combative efficace.

Les gauches européennes, parfois en état de décomposition, souvent prisonnières de contradictions essentielles, envisagent sans complexe de se recentrer " à la gauche de la droite " dans des efforts alambiqués de modernisation au nom de l’efficacité et du réalisme imposés par… les lois du marché. La fameuse " théorie " du " ni droite ni gauche " - suicidaire pour les forces progressistes revendicatrices, rassurante pour les citoyens installés dans l’idée du consensus sociétal, nécessaire pour les puissances conservatrices et libérales soucieuses d’en finir avec la confrontation sociale – marque le continent de son empreinte. Les travaillistes britanniques, les socio démocrates allemands, leurs collègues espagnols, belges, luxembourgeois, néerlandais, autrichiens, nordiques, grecs et d’autres encore professent les mérites du réformisme, rejetant, dans le fond sinon dans les formes, les références au marxisme au profit d’une doctrine harmonisant, dans la mesure du possible, l’humanisation de l’économie de marché mondialisée et l’idée, pérenne mais réactualisée au gré des réalités économiques, de l’Etat-providence. Généralement, ces partis se situent au centre gauche de l’échiquier politique : socio démocrates, certes, mais aussi socio libéraux, libéraux sociaux, chrétiens sociaux parfois. Une partie importante de la gauche italienne (DS), composée majoritairement des membres de l’ancien parti communiste (PCI) vient renforcer cette tendance au recentrage : en s’alliant aux catholique modérés, elle crée le Parti Démocrate. Silvio Berlusconi, invité au congrès des DS ne cachait pas son enthousiasme : " j’ai entendu un positionnement social démocrate qui, sur certains points est carrément libéral… Si c’est ça le Parti Démocrate, je suis prêt à m’y inscrire aussi. "
Les encouragements à envisager la création d’une grande formation de centre gauche après la victoire de Nicolas Sarkozy en France, et l’apparent démantèlement électoral des partis de la gauche combative, se précisent. Le bipartisme, l’américanisation – devrait on dire la simplification- du débat politique est à l’ordre du jour. Les résistances semblent affaiblies, l’impact des scrutins personnalisés et médiatisés autorise une approche pratique, efficace… simplifiée de la politique.

Demain la Gauche ?
Tout irait donc mal pour la gauche ? Oui si l’on s’en tient aux chiffres. Partout en Europe, les résultats électoraux des partis progressistes sont, au mieux, modestes, leur influence quasi nulle. Leurs positionnements sur le terrain social ou associatif sont réduits. Les syndicats qui n’épousent pas les thèses réformistes des socio démocrates, stagnent. Pourtant l’état des lieux serait incomplet si la perspective d’une grande alliance de gauche, réellement à gauche, indubitablement marxiste, réaliste et moderne, sociale, féministe, écologique, n’était pas prise en considération. En Allemagne avec le Linkspartei, En Italie, avec les dissidents de la DS et le parti de la Refondation communiste, en France avec l’aile gauche – non négligeable- du PS et les forces de gauche en reconstruction, aux Pays Bas ou en Belgique, il existe à la fois des espaces politiques et des besoins confirmés à la gauche des socio démocrates pour des rassemblement progressiste enfin digne de ce nom.
Le cas de la Suisse est particulier, le morcellement cantonal rend l’évaluation des forces plus complexe, mais il est évident qu’au sein du PS cohabitent les mêmes tendances sociales démocrates, sociales libérales et socialistes de gauche. Le PS n’est pas à l’abri d’appels centristes… et son aile gauche restera sans doute attentive au maintien des valeurs de progrès.
Pour les progressistes suisses, comme dans le reste de l’Europe, plus que jamais, l’intelligence doit être au pouvoir. Parce qu’il faudra répondre aux besoins des gens quand le capital grappillera encore un peu plus de terrain social, culturel… vital.
Le Parti suisse du Travail a été créé il y a plus de soixante ans par des socialistes et des communistes précisément. Quand les conditions l’imposent, les gens de progrès trouvent les moyens de l’action.
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, mai 2007