vendredi 22 juin 2007

Suisse: Pierre Vanek, "A Gauche Toute!" et l’ambition nationale

Pierre Vanek, le conseiller national genevois se veut consensuel, réaliste et, à la veille du Congrès extraordinaire du Parti du Travail (Genève), raisonnablement inquiet à l’idée que les forces progressistes ne partent pas unies, sous le label " A Gauche Toute ! " pour les prochaines les élections fédérales (octobre 2007). La décision des Vaudois de se lancer avec deux listes "AGT !" ("POP" et "solidaritéS") apparentées le laisse perplexe: " A Genève, avec une liste commune, les relations avec la presse seraient simplifiées, notre crédibilité mieux assise et notre lisibilité plus cadrée. Si on part avec quatre têtes de listes, les gens ne comprendront pas. Dans l’absolu, il s’agit de créer une alliance nationale qui réunit les petits partis à la gauche du PS. Le localisme suisse nous pose problème: nous sommes essentiellement romands, le niveau de la politique nationale ne s’impose pas à nos organisations locales. Il me semble évident qu’un front s’impose, que nous n’attirerons pas les progressistes de Suisse alémanique si nous apparaissons divisés. Il est vrai que nous n’avons pas encore assez " travaillé " la Suisse allemande pour envisager une dynamique commune. Sans un élu alémanique, cette image nationale d’"AGT !" manquera. La bonne surprise pourrait venir de Zurich avec la Gauche alternative."

Nous devons apprendre à nous concentrer sur quelques objectifs
Le secrétaire de "solidaritéS", élu en 2003 sur la liste "Alliance de Gauche", semble conscient que la communication n’est pas le problème fondamental posé par la plate forme AGT !: " nous devons réapprendre à débattre, à fonctionner ensemble, à moderniser la gauche de la gauche. Il s’agit de construire une machine politique, de réunir les militants des organisations et de leur donner les moyens de décider l’action. Que ce soit au Parlement ou dans les batailles extérieures au Parlement, nous sommes tous au four et au moulin. c’est notre faiblesse. On en fait trop. Finalement, je suis un " mauvais parlementaire " : je me soucie de mon activité d’élu et en même temps je suis partie prenante aux luttes. Mais sans groupe parlementaire à Berne, c'est-à-dire cinq élus, nous ne disposons pas des moyens d’actions pour mieux gérer notre travail et, par conséquent soutenir mieux nos priorités. Nous devons apprendre à nous concentrer sur quelques objectifs. C’est aussi la cohésion entre les organisations qui s’impose. Nous pouvons caresser l’espoir de voir ce groupe parlementaire exister pour la prochaine législature : cinq élus sont possible, au moins un à Genève, deux dans le canton de Vaud, un à Neuchatel et un à Zurich. Mais c’est dans l’unité que les choses sont possibles... Si l’on tient compte des forces en présence, les 41% obtenus par le nom au référendum sur l’AI, c’est… carrément un succès. Les socialistes et l’"USS" nous ont rejoint sur le tard, on a réussi à changer le point de vue syndical sur les règles de l’AI. Au moins, nous avons fait barrage aux provocations de l’"UDC" sur les abus et sur ses volets ultra xénophobes. Par contre, nous avons du renoncer au référendum sur l’électricité et sa privatisation, nous n’avions pas les relais nationaux nécessaires… C’est pour moi une défaite redoutable. Le service public reste une lutte essentielle.

"AGT" c'est beaucoup mieux que rien!
On peut dire ce que l’on veut dans les partis de gauche, "AGT !" c’est loin d’être parfait, mais c’est beaucoup mieux que rien ! Nous sommes tous d’accord pour dire que c’est une alliance. Par définition l’alliance électorale est ce que les partenaires qui la composent en font. Si cela ne convient pas, qu’ils la changent. "

propos recueillis, Gauchebdo, Suisse, Juin 2007