jeudi 14 juin 2007

Belgique: Les Flamingants

Pays du chocolat, siège de grandes banques, cœur géographique de la métallurgie européenne et des mines de charbon, empire colonial, plaque tournante mondiale du diamant, le royaume de Belgique fut un jour comparé à la Suisse pour sa richesse et la qualité de vie dont semblaient jouir ses habitants. C’était il y a cinquante ans à peine. La Wallonie industrieuse tirait la " pauvre " Flandre vers des lendemains meilleurs. Puis tout a changé. Les industries wallonnes et les mines ont disparu, la Flandre s’est découverte fière et efficace, ses fils devinrent chercheurs. La Belgique devint fédérale. Entre les Wallons, pas encore persuadés de la perte de leurs richesses, les Bruxellois francophones, bilingues et européens et les Flamands convaincus que leur avenir s’écriraient mieux sans leurs cousins " franchouillards et fainéants ", il n’y a plus en commun qu’une famille royale décriée, une équipe nationale de football médiocre, deux joueuses de tennis et le chocolat. En Belgique, ce sont souvent les émigrés qui restent attachés à l’unité du pays. La Flandre, au nom de sa volonté autonomiste, du nationalisme, de l’efficacité économique qu’elle revendique, vote plus à droite qu’à droite. Le discours des fascistes du Vlaams Belang et d’une liste populiste a attiré près de 25% des électeurs flamands dimanche dernier, à l’occasion des législatives. Et pour faire le plein des voix (31%), le dirigeant démocrate chrétien Yves Leterme a joué les réactionnaires éclairés accusant les Wallons de tous les maux ne leur accordant qu’une circonstance atténuante : l’impact nocif du parti socialiste sur leur quotidien. Pour ne pas être en reste, Yves Leterme, s’est lancé dans le désormais très moderne discours sur la dangerosité potentielle ou effective des étrangers, posant, comme tous les hommes politiques de droite d’Europe et d’ailleurs, la question de l’immigration en termes sécuritaires et d’identité et priorité nationales. Son slogan : " Droiture, sécurité, certitude "
Le nationalisme flamand n’est pas une bonne nouvelle pour l’Europe. Il n’a rien de moderne, de visionnaire. Les tabous de son Histoire hantent encore les villes et les villages du plat pays :

Nazis pendant les guerres
Et catholiques entre elles
Vous oscillez sans cesse
Du fusil au missel

Chantait Jacques Brel à propos des flamingants, ces nationalistes dont les héritiers sont les vainqueurs indiscutables des joutes électorales, ces dernières années. Il ajoutait :

Vous salissez la Flandre
Mais le Flandre vous juge.
Voyez la Mer du nord
Elle s’est enfuie de Bruges.
L’Europe politique devient nauséabonde… " De Londres à Berlin " aurait dit Brel… mais plus loin aussi. Jusqu’à Varsovie, Moscou...
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, juin 2007
Le fascisme revient. Ne pas le dire, ne pas l'écrire est une forme de non assistance à personne en danger. Mais le dire ou l'écrire semble si peu crédible aux femmes et aux hommes de bonne volonté.