samedi 2 juin 2007

Genève: Rémy Pagani, " tête de turc " et élu du peuple

A l’instar des autres institutions du pays, la presse suisse a tendance à privilégier le consensus dans à peu près tous les domaines politiques. Sauf quand il s’agit de la gauche combative qu’elle définit par deux vocables qu’elle espère injurieux : l’extrême gauche ou les communistes. La presse bourgeoise ne sait pas que les progressistes font contre mauvaise fortune bon cœur : il s’est créé une sorte de classement virtuel des politiciens ou organisations les plus vilipendés. Dans le canton de Vaud, par exemple, Josef Zisyadis fait la course en tête depuis des années, avec cette particularité qu’il jouit aussi d’une sorte d’aura parmi ses détracteurs. A Genève, par contre, le Parti du Travail assume le rôle de brebis galeuse depuis des décennies emmené par son conseiller administratif André Hédiger, médiatiquement lapidé par les meilleures plumes du canton. A la veille de la retraite du maire de Genève, apparaît, heureusement pour nos confrères, " l’ennemi public numéro 1 du consensus mou ", Rémy Pagani, " le syndicaliste ", une autre appellation non contrôlée pour certains. Il n’a même pas eu le temps d’envisager de faire la moindre gaffe, Rémy, qu’il est déjà la " tête de turc " des quelques serviteurs zélés et parfois doués d’une Suisse au-dessus de tout soupçon. Dans un raccourci savoureux, un collaborateur de l’Hebdo qui répond au doux prénom de Titus a résumé l’état de la gauche combative romande : Pagani serait une sorte de Zysiadis en pire.
Donc Pagani monte en flèche dans le classement des " insupportables "… Ainsi va la presse.
Par contre, la gauche combative, partenaire de l’alternative ne fera pas contre mauvaise fortune bon cœur si le conseiller administratif sorti de ses rangs n’est pas respecté. Rémy Pagani, par son expérience et son sens politique, est en mesure d’assumer n’importe quelle responsabilité pour contribuer au développement de la ville. Aux Finances, comme à l’Aménagement ou au Social. Mais l’idée qu’il obtienne son mandat par défaut ne serait pas rassurante. Les Genevois n’ont-ils pas clairement fait savoir que les compétences doivent primer sur toute préséance politique ? N’est ce pas aussi ainsi qu’il faut comprendre le vote massif et compact en faveur de la Gauche. N’en déplaise à la presse locale.
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, mai 2007