samedi 23 juin 2007

congrès extraordinaire du Parti du Travail (Genève)" J’ai des questions à toutes les réponses " (W.Allen)

Contribution au congrès extraordinaire du Parti du Travail
Genève, le 23 juin 2007

Je suis de ceux qui ont souhaité ce congrès extraordinaire. Parce qu’il est un moment dans l’espace politique où le constat de l’échec ne suffit plus s’il ne crée pas les conditions de sa critique et ne déclenche pas une salutaire remise en question de notre fonctionnement et de nos choix. Parce que, quand les repaires idéologiques, historiques, structurels mais aussi nos objectifs ne sont plus discernables, par nous et par d’autres, quand notre identité, notre image, notre dynamique politique, notre spécificité s’estompent, nous risquons de perdre l’essentiel : notre sensibilité. Parce que nous courrons le risque de nous immiscer dans des circonvolutions velléitaires qui causeraient notre perte, au nom de fortes amitiés ou de traditions établies au point de ne plus être contestables ou contestées. Parce que nous sommes plus menacés de l’intérieur, par nous-mêmes, que de l’extérieur.
J’ai souhaité ce congrès extraordinaire pour contribuer à resituer le Parti du Travail dans sa réalité, dans son environnement, pour participer à une restructuration efficace, parce qu’il est plus qu’utile d’appeler un chat un chat.
Ma contribution est constructive, fraternelle avec l’espoir que l’intention des délégués de ce congrès et des militants qui y assistent est de permettre à notre organisation de reposer sur le socle de connaissances nécessaires à sa restructuration.


Communiste au sein du PdT
Je suis un militant communiste favorable au progrès collectif plutôt qu’au progrès égoïste. Je perçois le socialisme comme le recours des femmes et des hommes avides de solidarité, conscients des réalités, attentifs à ne pas laisser la liberté individuelle, apanage des puissants et des privilégiés, étouffer la vision collective de la société. J’adhère à cette citation de Karl Marx : " De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ". La philosophie de Marx est confondante de modernité. Il disait : " le domaine de la liberté commence là où s’arrête le travail déterminé par la nécessité "… " Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation "… " Par son exploitation du marché mondial, la bourgeoisie a rendu cosmopolites la production et la consommation ". Il publiait ces phrases sur la liberté individuelle et ses limites, sur les conflits, sur la mondialisation à la moitié du dix neuvième siècle. Il décrivait surtout une réalité incontestable et incontournable à propos de la société : " l’histoire de toute société…n’a été que l’histoire des luttes des classes ". Ces idées sont aujourd’hui battues en brèche par nos adversaires et ignorées par grand nombre d’entre nous. Relisons Marx, replaçons ses idées dans le contexte d’une Europe qui a cessé d’être le centre du monde. Mais surtout, recréons, réécrivons, au propre comme au figuré, les fondamentaux du communisme occidental.
Hélas, au Parti du Travail, et au PST dans son ensemble, le lien au marxisme est, pour beaucoup, au mieux, un lien…affectif, un souvenir. Pour d’autres, le communisme n’est plus qu’une marque disgracieuse ou honteuse d’allégeance quasi maléfique au bloc soviétique.
Alors on se souvient que le Parti fut créé par des communistes et des socialistes, que tous les militants n’étaient pas loin s’en faut, des moscoutaires convaincus… Tout cela est vrai, mais pourquoi confondre une phase de l’histoire du socialisme avec le projet communiste. Pourquoi " jeter le bébé avec l’eau du bain " ?
Parce que nous sommes ignorants. Parce que nous nous sommes laissés absorber par l’historiographie des " vainqueurs ", par leur vérité, par leur savoir-faire.
Plus que jamais, nous devons distinguer le bon grain de l’ivraie, ne plus laisser dissoudre les idées de progrès dans l’Histoire de l’échec du socialisme réel. Nos références sont inattaquables : l’action syndicale, les luttes ouvrières, les résistances aux oppresseurs, la solidarité avec les peuples en lutte pour leur autodétermination, les créations artistiques et culturelles, les sciences… La planète socialiste existe… il suffit de la rencontrer.
Reprenons les formations politique, historique, sociale, identifions nos besoins et rendons aux militants à la fois la fierté de savoir et la capacité d’agir en connaissance de cause.
Le professeur Jacques Nagels, de l’Université de Bruxelles, membre du parti communiste belge, simplifiait récemment les objectifs de la gauche combative, partout en Europe :

"Il faut mettre un arrêt aux privatisations et promouvoir des services
publics de qualité et efficients, il faut stopper la précarisation notamment en
renforçant la sécurité sociale, il faut des transports en commun gratuits et
efficaces, une fiscalité plus équitable. L’application de ces mesures concrètes
et partielles nous rapprochera du socialisme que j’appelle de mes vœux…
Le projet " socialiste " en URSS, en Europe de l’Est, en Chine, a été perverti.
L’expérience de la construction du socialisme a échoué. Cela discrédite-t-il toute
tentative de construire le socialisme ? La réponse est NON. Cette construction du socialisme doit prendre en compte les échecs du " socialisme réalisé " et, à partir de là, œuvrer pour un projet de socialisme authentique. C’est un socialisme démocratique qui non seulement prend en compte le verdict des urnes mais qui
de surcroît exerce un contrôle des électeurs sur les élus, qui recourt à des référendums d’initiative populaire quand des questions majeures se posent…
Un socialisme qui s’en prend frontalement au pouvoir exorbitant des grandes
entreprises multinationales et nationales… qui les oblige d’investir à l’intérieur de nos frontières et donc de créer de l’emploi…

N'est ce pas une exemple du possible? Pour tous, communistes ou socialistes de gauche ou encore militants chrétiens au sein du PdT/PST

Laïc au sein du PdT
Je suis un militant laïc, de cette laïcité qui provoque le sens humain de la critique, de la contradiction et du paradoxe. Et s’il n’est pas facile d’être communiste au Parti, il n’est pas simple non plus d’y être laïc. Cette réalité relève encore et toujours de ce flou qui règne à propos des grands thèmes et des grands sujets de société. Mais qu’on le veuille ou non,
faire l’impasse de ce qui nous caractérise ne peut que nous nuire.
Nous ne devons pas apprendre que l’histoire du mouvement ouvrier, il convient aussi de découvrir les projets sociétaux que le socialisme intègre et revendique.
Faisons de la laïcité un combat au nom de la liberté pour tous.

Pas de ravalement de façade
Le PdT a additionné les handicaps ces dernières années :

  • les événements de l’histoire à l’est lui ont été, comme à tous les partis communistes ou marxistes d’Europe, défavorables ;
  • le vieillissement de son encadrement a été aggravé par un " trou générationnel ". Le personnel politique du parti est réduit, faible et mal formé ;
  • l’affaiblissement structurel de la classe ouvrière traditionnelle n’a pas été appréhendé par la direction du parti ; la classe moyenne issue de cette classe ouvrière et les travailleurs du tertiaire n’ont pas suffisamment été pris en considération, pas plus que la jeunesse aux études ;
  • la sophistication des méthodes et techniques de communication a été sous évaluée puis s’est avérée trop coûteuse ;
  • les médias bourgeois sont hostiles au parti ou…célèbrent sa disparition imminente ;
  • la communication interne est limitée, la communication externe n’est pas développée ;
  • l’évolution du consumérisme et l’explosion des tendances individualistes ont rejeté le parti en marge du spectre politique, même dans ses bastions historiques ;
  • Les acquis sociaux ont été supplantés par les acquis individuels, relativisant l’esprit solidaire d’une majorité de citoyens ;
  • le militantisme politique est moins attractif contribuant à la fin de la " dynamique partisane ", l’absence de formation politique des militants a entraîné une paupérisation idéologique ;
  • l’offre électorale s’est étendue à la gauche du PS ;
  • l’offre solidaire et l’action sociale ne sont plus l’apanage de la gauche ;
  • le taux de syndicalisation reste désespérément bas ;
  • les conflits internes et au sein de la gauche combative freinent l’action partisane ;
    les alliances et mésalliances électorales ont rendu le parti perméable au pire comme au meilleur…

La liste n’est pas exhaustive.
Les solutions aux problèmes posés au Parti du Travail sont en priorité internes. Ce ne sont pas les alliances électorales, ou l’antipathie de la presse qui réduisent la visibilité d’un parti politique. Toutes les causes énoncées ci-dessus ne sont pas spécifiques à notre organisation, mais nous devons reconnaître que, pris par les urgences, nous n’avons pas été en mesure de prévoir les éléments perturbants qui, additionnés, nous fragilisent.

Faisons face.
Réévaluons les rôles et les fonctions de nos dirigeants. Créons les conditions d’un contrôle efficace du travail et de l’action de nos camarades désignés à des responsabilités. Un contrôle qui soit, d’abord et avant tout, un soutien.
Je suggère la création d’ateliers aux objectifs déterminés et aux missions définies dans le temps.

  • atelier " communication " (interne et externe) : organisation de la communication générale du parti, Encre Rouge mensuel, organisation des points presse, des contacts individuels avec les journalistes, contribution à Gauchebdo, communication électorale…
  • atelier " administratif " : comptabilité générale, administration, secrétariat, locaux, relations avec les institutions…
  • atelier " économie " : chargé de la recherche des fonds, finances, gestion du patrimoine…
  • atelier " politique " : formation, réflexion politique, négociations politiques, relations inter partis, relations avec les organisations syndicales…
  • atelier " militants " : relations avec les militants, actions nouveaux militants…
  • atelier " social " : bureau d’aide sociale et actions sociales…

L’idée, bien que nos forces soient faibles est de " professionnaliser " la structure. Le CD coopterait un membre de chaque atelier qui assurerait ainsi la communication et rendrait compte des progrès réalisés.


Au lendemain des élections municipales, j’étais favorable à la démission du Président du Parti. Il me semblait évident que Jean Luc Ardite n’était pas soutenu ni formé pour assumer la fonction. C’est une question de décence : un dirigeant isolé ou presque, littéralement " bombardé " dans la fonction, est en danger.
Je propose que Jean Luc, qu’il soit ou non maintenu dans sa fonction par le congrès, soit chargé d’une mission spécifique : les relations avec les jeunes adultes, travailleurs ou non.
Il faut mettre un terme à la " fonction évasive ", que ce soit pour un membre du CD ou un dirigeant actif. Et le moins que l’on puisse faire avant de laisser Jean Luc retourner au turbin, c’est de lui assurer une formation politique et une formation en communication.


" Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en occupe " (Voltaire)
A Gauche Toute ! n’est pas un joli titre pour une alliance électorale. C’est au mieux un bon slogan. A Genève, les négociations, puis les rencontres organisationnelles entre les représentants des partis de la plateforme étaient, selon mes informations et mes quelques participations, légèrement surréalistes. Je n’épiloguerai pas sur le sujet parce que j’accorde beaucoup plus d’importance à notre refondation qu’aux aspects pratiques d’une alliance qui me semble correspondre à des intérêts individuels et personnels. Par contre, mon souci des choix que le congrès fera pour consolider et moderniser le parti, au-delà d’une formation ou d’une ou l’autre activité, me pousse à questionner notre stratégie en matière d’alliance.
Les élections fédérales sont proches. Deux écoles s’opposent : la liste AGT !PdT avec apparentement et la liste unique AGT !.
Parce que je crois vital de nous réorganiser et de travailler à notre restructuration interne, parce qu’aussi, je ne suis pas persuadé que nous devions nous compter alors que nous allons peut-être entreprendre les " travaux d’Hercule " du PdT, je propose que, pour ce prochain scrutin, nous nous associons à la liste commune AGT ! Les réalités à Genève ne sont pas celle du canton de Vaud. Les forces en présence ne sont pas les mêmes. Par contre, nous devrions d’urgence remodeler notre stratégie d’alliance autour de thèmes forts et dénoncer le flou qui caractérise le fonctionnement d’AGT ! Un flou qui nous est très défavorable. Dans ce dossier encore, il ne me semble pas judicieux d’envoyer au front des camarades disposant de trop peu de latitudes pour faire évoluer le débat. Cette stratégie était intéressante à certains moments, elle ne l’est plus. Nous devons faire valoir notre dynamique.

(extraits)Ron Linder
militant du Pdt