vendredi 7 décembre 2007

Rendre Israël attentif à ce qui n'est plus acceptable

Nous aurions aimé célébrer Annapolis. Nous nous serions, comme tant d'autres, contentés d'applaudir à quelques décisions minimalistes mais essentielles: le gel réel et indiscutable de la colonisation, par des Israéliens religieux et d'extrême droite, de parcelles, plus ou moins grandes, du territoire palestinien; la réouverture, aux Palestiniens, du marché du travail israélien; la fin des restrictions israéliennes de livraison de gaz et d'électricité à Gaza, encore et toujours sous le joug du Hamas… Des événements, de portée limitée, mais plus vitaux les uns que les autres pour rendre viable l'ombre d'une ambition nationale palestinienne et la volonté d'intégration d'Israël au Proche Orient. Il y a soixante ans, Israël devint réalité et la Palestine resta un rêve. Les dirigeants palestiniens n'ont rien à offrir de « minimaliste » en échange de ce plan de survie: la reconnaissance d'Israël, la fin des actions militaires et terroristes, le voisinage pacifié étendu à tout le Moyen Orient, sont autant de contributions gigantesques qui nécessitent les petits pas élémentaires. Seul Israël est en mesure aujourd'hui d'avancer sur le chemin de la paix que ses dirigeants affirment ou prétendent désirer plus que tout. La Palestine survit le dos au mur…face à un mur. 300 millions de dollars viennent d'être réunis pour assurer la mission de l'Office des Secours et des Travaux pour les Réfugiés palestiniens pour 2008. Le 17 décembre prochain, le Club de Paris se réunira pour tenter d'organiser le financement des projets de développement de l'Autorité palestinienne. Il est hors de question d'accepter l'idée, terrible au XXIème siècle, de bâtir un état fantoche. La Palestine sera viable ou ne sera pas.
Les parrains du processus de paix d'Annapolis ou de la Feuille de route ou de toute autre initiative qui dépasse le cadre de la démagogie la plus idiote, doivent s'imposer…d'imposer aux Israéliens une politique à hauts risques pacificateurs.

Au prix de sacrifices considérables à terme, sans doute, mais le plus petit commun dénominateur parmi les nations n'indique-t-il pas que la Paix n'a pas de prix?
La communauté internationale dispose de tous les moyens de pressions économiques pour rendre Israël attentif à ce qui n'est plus acceptable. Ne pas les utiliser au service d'une solution qui libère les peuples de la région des sentiments de haine, de frustration, de peur, mais aussi d'arrogance, reste incompréhensible.
La sécurité d'Israël c'est la paix. La paix des Palestiniens c'est la sécurité. Et vice versa.
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, décembre 2007