jeudi 1 mars 2007

France: Nicolas Sarkozy : Pas de tromperie sur la marchandise, mais publicité mensongère

Nicolas Sarkozy a une tête de premier de classe, une allure de premier de classe, un discours de premier de classe, l’assurance d’un premier de classe, des amis du premier de classe, et, malgré une prime jeunesse balbutiante pour prétendre au titre, il a effectivement « tout pour plaire » à ceux qui trouvent les premiers de classe jolis garçons par définition. De toute façon, l’idée d’être un français moyen lui serait, selon ses « hagiographes » les plus avertis, insupportable.
Sa scolarité fut sans éclat et, diplômé de droit, il ne marqua pas l’histoire du barreau parisien de son empreinte. Ne pas être brillantissime ne veut pas dire ne pas avoir le sens des affaires : Maître Sarkozy, avocat associé « non pratiquant » dans un cabinet spécialisé dans le droit immobilier perçoit sa part de profit année après année.
A 19 ans, Nicolas se lance en politique. A droite. Ce qui n’est pas tout à fait étonnant ou scandaleux si l’on veut bien considérer que son père, Paul Sarkozy de Nagybocsa, aristocrate hongrois, dont la famille possédait « terre et château » à 100 km de Budapest, avait choisi l’exil en 1944 quand son pays fut libéré par l’Armée Rouge. En politique donc, Le jeune Sarkozy, encore aux études, fait montre de qualités indéniables: un sens de l’arrivisme très vite affiné, une remarquable aptitude à se faire valoir et voir et un formidable talent pour se constituer les réseaux d’influences les plus adéquats. Dans ce domaine, c’est un doué. Il se fera les dents dans l’ombre de son grand homme, Charles Pasqua, gaulliste de droite, inénarrable ministre de l’intérieur, impliqué dans quelques uns des mauvais coups politico-financiers du XXème siècle, qui sera le témoin de son premier mariage en 1982. Les industriels et hommes de médias, Martins Bouygues et Bernard Arnault le seront à son second mariage, en 1996.
Conseiller municipal de Neuilly à 22 ans, maire à 28, député à 34, ministre à 38… comment rester modeste avec pareil palmarès? Il n’y arrive pas vraiment et se prend les pieds dans le tapis à quelques reprises: il choisit Edouard Balladur contre Jacques Chirac aux présidentielles de 1995, ce qui lui vaut l’inimitié du Président français en exercice et de ses amis; en 1999, il mène la liste du RPR à la débâcle aux élections européennes…

Alors, Nicolas Sarkozy a une idée de génie ; il prend du recul, il n’insiste pas. Il écrit même un livre : libre. Tout un programme. Quand il revient en politique, la droite a besoin de lui. Depuis 2002, Nicolas Sarkozy est le chevalier blanc, le « Monsieur Propre » qui montre de quel bois il se chauffe. Au point que la gauche le trouve un rien pyromane quand il s’agit d’éteindre le feu et maintenir l’ordre et la sécurité depuis le ministère de l’Intérieur.
Les français ont aimé. Sarkozy a été visible. Pas vraiment efficace, mais visible. C’est sa recette. Elle fonctionne. Elle risque même de fonctionner le 6 mai prochain, au terme du second tour de l’élection présidentielle. Catherine Nay, journaliste et biographe « folledingue » du président de l’UMP situe le débat : « Il est fait pour commander, impulser, décider. Mais son hyperréactivité, son impulsivité, ses émotions qu’il n’a jamais verrouillées, l’entraînent à être parfois trop hâtif dans ses jugements, à tenir des propos qui surprennent, à faire des promesses dont il n’a pas toujours mesuré la portée. Il lui arrive d’avouer en souriant : « Je suis mon meilleur ennemi ». Et la groupie d’ajouter:« Il avance sans masque. Avec lui, il n’y jamais tromperie sur la marchandise ». Certains observateurs, une formule choisie pour désigner les amis des candidats, en rajoutent une couche : « les français ont le choix entre une psycho rigide et un hyperactif ».
Heureusement il y a la politique : les candidats Sarkozy et Royal refont le monde de gauche à droite et de droite à gauche. Personne ne sait exactement ce dont ils sont capables, mais tout le monde a compris qu’ils lancent projets et promesses comme des confettis, sachant que personne ne collectionne les confettis. Sauf que, vu de gauche, une autre formule qui permet de marquer sa différence, Nicolas Sarkozy a quelques défauts rédhibitoires : il est réellement néo conservateur à l’américaine et les insuccès de cette philosophie ne le perturbent pas ; il confond pouvoir public avec pouvoir sur le public ; il est bêtement et inefficacement répressif ; Il est très légèrement paranoïaque quand il reconnaît avoir repris le ministère de l’Intérieur pour éviter les mauvais coups de ses alliés… et pour utiliser à son profit les services de renseignements liés au ministère; il use de son influence pour faire et défaire les carrières de ceux qui lui ont déplu, les journalistes par exemple…
Pour le reste, malgré tout ce qu’il dit, Sarkozy ne propose rien de plus que de maintenir la droite française au pouvoir en augmentant la puissance des grands financiers et l’influence de la bourse.
Comme dirait Catherine Nay : « Avec lui, il n’y a jamais de tromperie sur la marchandise »… Les armoiries de famille Sarkozy de Nagybocsa sont « un loup orné d’un cimeterre ». Ca ne s’invente pas.
Ron Linder, Gauchebdo, Mars 2007