jeudi 1 mars 2007

Italie : Ne pas désespérer les progressistes

La loyauté politique est complexe. En Italie, la semaine dernière, deux sénateurs communistes n’ont pas voté les motions gouvernementales relatives à l’extension d’une base américaine à Vicense et le maintien du contingent italien en Afghanistan. Romano Prodi, le premier ministre centriste de la très large coalition qui dirige le pays a immédiatement présenté la démission de son gouvernement. Ce n’était pas nécessaire, mais à l’analyse, cela lui a été très utile. Quand mercredi soir, Monsieur Prodi a demandé et obtenu la confiance du Sénat, il avait en poche un accord de gouvernement qui rogne les ambitions sociales et pacifiques de ses alliés de la gauche radicale, Rifondazione comunista, Verdi et Comunisti italiani. Le baroud d’honneur des deux sénateurs s’avérait-il être une erreur politique qui remet en question les stratégies en faveur d’une meilleure politique sociale au sein de l’Unione, comme le soutient la direction de Rifondazione comunista? Possible. Mais n’est-il pas difficile de jeter la pierre à des hommes de conviction, fatigués, depuis neuf mois, au nom de la cohésion d’une majorité de 9 partis, qui fait en permanence le grand écart entre le pire et le meilleur, d’avaler des couleuvres dans les domaines dans lesquels ils sont directement engagés?
La gauche radicale italienne est en difficulté. Si le gouvernement Prodi devait tomber à court terme – les Italiens ne parieraient pas un cent sur son avenir selon de récents sondages-, elle serait vouée aux gémonies par les antiberlusconiens. Mais si elle continue à cautionner la politique peu sociale, atlantiste, conservatrice que Prodi conduit tant bien que mal, elle désespérererait les progressistes.
Le premier ministre disait récemment : « le gouvernement ne manifeste pas contre lui-même » pour dissuader les partis de gauche de s’opposer publiquement à l’agrandissement de la base américaine. Voire. La liberté politique que s’octroierait la gauche réelle sera peut –être la meilleure manière de situer le débat : Unis contre le retour de Berlusconi et des organisations fascisantes qui l’entourent à la tête de l’état, mais pour une politique populaire imposée par la base dont les élus communistes et verts ne sont que les représentants. L’Unione est une coalition tellement contre nature qu’il n’est pas insensé d’admettre que le gouvernement puisse « manifester contre lui-même ».
Ron Linder, Gauchebdo, mars 2007