jeudi 13 septembre 2007

Vatican: Le politicien Benoît VXI ne confesse pas encore sa stratégie

Le Pape est en croisade. Il fustige la tolérance qui consisterait en une « indifférence privée de références à des valeurs permanentes ». Il stigmatise le droit à l’avortement « qui est le contraire d’un droit de l’Homme » qu’il dénonce en toute circonstance, même pour des raisons thérapeutiques. Le Catholique Suprême surprendrait s’il s’exprimait autrement. Il ne serait que l’ombre de lui-même. Défenseur d’une Eglise dont il ne veut voir qu’un clocher, il met les points sur les i dans tous les domaines, avec sobriété et entêtement. Non à l’euthanasie, non à l’utilisation des préservatifs pour combattre la pandémie du Sida, non à l’avortement, oui à une église conservatrice, non à une église populaire. La liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut. La politique papale tend à réunir les catholiques soucieux d’une église forte, concentrée, prête à mener le combat spirituel contre les croyances « autres », chrétiennes ou non. Et contre celles et ceux qui persistent à accorder leur préférence à l’Humanité.
A Vienne la semaine dernière, Benoît XVI s’est penché sur l’Europe dont il estime qu’elle ne remplit plus son rôle de « meneur ». Il a rappelé que notre continent avait une « responsabilité unique dans le monde » et a regretté de voir l’Union européenne « renier ses racines chrétiennes ». Le Pape faisait allusion à l’absence de la mention « christianisme » dans le préambule du traité constitutionnel de l’UE.
C’est donc l’Europe qui devra, selon les politologues du Vatican, constituer la base stratégique et idéologique pour faire front dans un monde où l’ennemi, presque par définition épiscopale, porte haut les couleurs de l’Islam ou les bontés d’une philosophie orientale qui fait son chemin. Au point où il en est de ses déclarations politico-religieuses, Benoît XVI envisagerait un Yalta de fois et croyances. A chacun son territoire. Le monde catholique perd du terrain en Afrique et en Amérique du sud, au profit des Musulmans et des Chrétiens évangéliques.
Ce qui devrait inquiéter les Laïques, c’est que le Pape ne joue pas les Don Quichotte. Il est armé de certitudes plus moralisatrices que morales et soutenu par des alliés bien réels et bien actifs. Sa bataille spirituelle risque de tourner à l’aventure politico-on-ne-sait-trop-quoi avec des alliés « à haut risque » partout en Europe, dans les mouvances les plus droitières du monde politique. Les Polonais ne sont pas les seuls à être encore nombreux à croire que les choix de Rome doivent être pris en compte pour choisir un gouvernement. Le consensus existe dans le monde chrétien toutes obédiences confondues, pour un monde plus dépendant de Dieu (et de ses représentants sur la terre) que des Hommes.
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, Septembre 2007