jeudi 29 novembre 2007

Europe: l’expérience suisse pour développer le PGE ?

Le deuxième congrès d Parti de la Gauche européenne s’est réuni à Prague ce dernier weekend de novembre. Des organisations des différents horizons de la gauche communisante, écologique et altermondialiste ont tenté d’asseoir les bases d’une structure commune pour une Europe progressiste et sociale. Le Parti suisse du Travail est partenaire de l’initiative.

Des ambitions concrètes, une appréciation réaliste des forces actuelles de la gauche de la gauche européenne, voilà ce que retient du congrès de Prague, le nouveau délégué suisse à l’exécutif du Parti de la Gauche européenne (PGE), Norberto Crivelli : « J’ai bon espoir de voir grandir un véritable parti continental, plutôt qu’un club de partis dont les délégués se rencontrent pour discuter de tout et de rien. Lothar Bisky (Die Linke, Allemagne), le nouveau président du PGE propose une dynamique d’ouverture très nécessaire pour harmoniser des organisations aux antagonismes historiques. Il y a des crises à surmonter. Les 19 partis membres et les nombreux partis observateurs ne sont pas tous des partis communistes monolithiques, traditionnels. Le Bloc portugais, par exemple, ou la Gauche Unie espagnole sont froidement antagonistes des partis communistes, le PCP et le PCE. Ils ne le cachent pas. Cette franchise, au sein du PGE, rassure pourtant certains candidats à l’adhésion. Un délégué du parti des communistes italien (PdCI) me disait apprécier cette fédération de partis et de sensibilités. Nous avons des adversaires communs, des luttes communes, des projets communs. Cela doit être suffisant pour bâtir, ensemble, un parti européen influent. Sans pour autant nier nos différences et nos divergences. Ce que nous devrons apprendre, c’est à les relativiser. Tout le monde s’entend pour affirmer une nouvelle vision de la gauche, une vison refondatrice.»
A entendre le dirigeant du parti communiste tessinois, le PGE ressemble au PST : « Nous avons effectivement une expérience à mettre à la disposition du parti européen. Nous ne sommes pas les seuls. Mais notre système de sections cantonales très autonomes, des sensibilités politiques complémentaires ou, parfois, divergentes au sein d’une même organisation coïncide assez justement avec cette grande structure européenne qui se développe à la gauche du parti socialiste avec des communistes, des écologistes, mais aussi des socialistes de gauche ou des éléments très radicaux. Nous vivons cette réalité, au PST, depuis la création de notre parti, en 1944. Nous pourrions aussi apporter notre vécu et notre savoir pratique dans le domaine plus général du développement de la démocratie participative que revendique le PGE, au sein de l’Union européenne, qui se prononce dans l’immédiat pour des referendums sur l’avenir du projet européen. La situation du PST est évidement un peu particulière, au sein du PGE. Nous en sommes membres à part entière, totalement intégrés à la structure sans que notre pays ne soit membre de L’Union européenne. Dans bien des domaines spécifiques, la législation de l’Union par exemple, notre contribution est plus que limitée, mais d’un autre côté, nous jouissons d’une liberté d’appréciation de ce que nous entendons, ce qui peut être utile à nos camarades. Quoi qu’il en soit, l’avenir dira si nous sommes entendus, nous les représentants d’un petit parti, d’un petit pays. Mais encore une fois, j’ai confiance : nous sommes parmi les nôtres pour lutter pour le droit syndical, l’environnement, pour le monde agricole, pour une Europe des citoyens. »
Propos recueillis par Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, Novembre 2007