samedi 14 avril 2007

France: La trinité trotskiste en campagne

Le jour viendra peut-être, en France comme ailleurs, où les communistes de toutes obédiences trouveront le chemin d’une conciliation ou d’une réconciliation. Il faudra espérer alors que leurs alliances ne réunissent pas des organisations et des partis fantomatiques ou exsangues, des militants fatigués par les luttes intestines et les évaluations catastrophiques des réalités marxistes du terrain. En attendant, quatre des douze candidats aux élections présidentielles françaises se réclament officiellement du marxisme : la communiste Marie Georges Buffet et trois trotskistes, Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière), Olivier Besancenot (Ligue Communiste Révolutionnaire) et Gérard Schivardi (Parti des Travailleurs).
Les électeurs, pour de nombreuses raisons, risquent de se détourner des candidats de la gauche combative le 21 avril, mais il sera toujours utile de constater le poids des votes contestataires et anticapitalistes que les candidats communistes auront cumulés. Ajoutés aux voix de l’altermondialiste José Bové, il n’est pas exclu que le PCF et l’extrême gauche constituent une force revendicatrice capitale dans les mois qui vont suivre. Ce seront peut être les électeurs progressistes qui dicteront aux partis la voie à suivre pour des alliances efficaces et pratiques.
Encore faudra-t-il que les organisations trotskystes règlent leurs différents. En attendant leurs candidats utilisent au mieux la vitrine électorale qui leur est offerte pour suggérer une société plus adaptée aux besoins des travailleurs.
Arlette Laguiller, contrairement à ce que ses détracteurs plus ou moins amusés affirment, ne se répète pas de campagne présidentielle en campagne présidentielle. Elle persiste à constater que les classes laborieuses françaises s’appauvrissent. Comme Olivier Besancenot, elle réclame une augmentation immédiate des salaires et particulièrement du SMIG. Et comme Besancenot, elle revendique une plus juste participation des travailleurs à la gestion de l’entreprise, une communication adaptée qui ne permettrait plus aux actionnaires de décider sur les seules bases de la rentabilité financière… Le message est complexe. Les sondages ne font plus d’Arlette, la diva de la gauche. Mais la dirigeante de Lutte ouvrière s’en tient à l’essentiel : distiller l’information auprès des travailleurs.
Besancenot, lui, a tendance à séduire les jeunes. La foule qui se presse à ses meetings est peu politisée, souvent attirée par le côté glamour du militant de la LCR, mais aussi par se façon d’exprimer les vérités, exemple à l’appui, sans fanfaronnade.
Le troisième internationaliste de service est le plus atypique. Gérard Schivardi n’est que soutenu par le Parti des Travailleurs (l’ex OCI ou trostkistes lambertistes pour les spécialistes) dont il ne serait pas membre. Pas membre, mais compagnon de route puisqu’il collabore à de nombreux mouvements du PT et de son leader, Daniel Gluckstein. Gérard Schivardi défend surtout les petites communes et les services publics.
Sur le terrain politique, c’est indubitablement Olivier Besancenot qui est à l’offensive, et pas seulement parce qu’il a le " look jeune ". Son discours est clair : Ségolène Royal se trompe de priorités et elle perdra les élections si elle ne se concentre pas sur les réalités sociales du pays. Il ne fait d’ailleurs pas de la victoire socialiste aux présidentielles, une absolue nécessité pour l’avenir.
François Hollande se gausse de la présence de trois candidats trotskystes. Sans doute, et c’est peut –être là le drame de cette campagne, parce que la gauche ne se contente pas des gestes et des discours alambiqués de Ségolène Royal dès que les réalités sociales sont en question. Buffet, Laguiller, Besancenot, Schiviardi, Bové, cela fait du monde pour constater que la candidature socialiste est tout sauf une candidature combative.
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, avril 2007