samedi 21 avril 2007

Genève: Pierre Maudet, le sarkozyste de service

Comparaison n’est pas raison mais rien n’empêche de constater qu’il y a quelque chose de Sarkozy en Pierre Maudet. De Sarkozy et de Bayrou. Le jeune loup de la politique genevoise qui considère que " la politique française préfigure souvent ce qui va se passer en Suisse " se situe d’ailleurs sans difficulté dans la " mouvance sarkoziste " : " je crois moi aussi en une droite populaire, explique-t-il à Gauchebdo. Sarkozy m’intéresse par son sens du marketing et l’esprit professionnel du politicien ". Au-delà des formules, il y a aussi cette méthode qui consiste à s’affirmer à droite en élargissant le spectre de ses pensées sur les plates-bandes des autres partis. Pierre Maudet prône les vertus du libéralisme économique et argue d’un esprit social. Surtout, il considère la gauche, plus précisément ce qu’il nomme l’extrême gauche, comme archaïque, voire ringarde. Comme tous les politiciens de droite, il se situe ipso facto dans la modernité : "la notion de gauche et de droite est dépassée. D’un point de vue sociétal je me sens plutôt à gauche. " Il n’empêche que c’est de l’UDC que ce " sociétal de gauche " espérait le retrait au prix de quelques concessions pour mieux affronter la gauche en ville de Genève : " je ne travaille pas avec l’UDC. Je n’ai rien de commun avec ce parti. Ce que nous espérions c’était le retrait de la candidature d’Yves Niedegger. En aucun cas nous n’envisagions de faire liste commune. En politique, je suis pragmatique. Dans l’opposition municipale, face à une très forte majorité de gauche influencée par l’extrême gauche, je n’ai eu aucun état d’âme pour mener la vie dure aux magistrats. Si demain je devais siéger avec Remy Pagani, je n’aurais pas non plus d’état d’âme ni de préjugés pour travailler. " Un vrai pro Pierre Maudet, un homme de dossiers, assis sur les valeurs du radicalisme laïc, sensible aux réalités de la jeunesse dont il est apparemment un maillon fort. Sauf que son discours est curieusement pris dans les glaces du conservatisme : à propos de la sécurité, par exemple: " bien sûr que Genève n’est pas le Bronx dit Pierre Maudet. Mais les gens ont le droit de sentir en sécurité." Tout est dans les mots, à défaut d’insécurité réelle, il convient de rassurer la population. Et de redistribuer les cartes en jouant sur les intérêts du citoyen : " les ASM doivent avoir un autre rôle que celui qui consiste à distribuer les amandes "…
La " locomotive " de la droite pour l’exécutif genevois est sur les rails pour pourfendre tout ce que la gauche considère comme prioritaire, tout ce qu’elle a réalisé ces vingt dernières années au nom des solidarités nécessaires.
RLr, Gauchebdo, Suisse, avril 2007