samedi 21 avril 2007

France: l’Ecolo gît

José Bové est un candidat écologiste caché sous les oripeaux d’une gauche combative en détresse. Il dispute à Dominique Voynet, la candidate estampillée de l’écologie politique, les idées les plus performantes sur les énergies renouvelables, le nucléaire, l’agriculture, la biodiversité… Et dans l’ombre, à l’affût en quelque sorte, apparaît le représentant de la ruralité batailleuse, Frédéric Nihous. Ils ont en commun cette particularité : leur thème de prédilection est à peine à l’ordre du jour de la campagne présidentielle. Comme si le coup médiatique de Nicolas Hulot obtenant la signature des principaux candidats au bas de son Pacte écologique avait réduit les revendications environnementales à rien ou presque.
Quoi qu’il en soit, la déprime est totale chez les trois amoureux officiels de la nature.
Dominique Voynet ne sait d’ailleurs plus sur quel air rappeler les dangers d’un oubli des grands dossiers de l’écologie. Sa campagne est littéralement sous l’éteignoir et comme tous, à gauche, elle subit les affres du vote utile en faveur de Ségolène Royal.
José Bové est moins concerné par son score électoral. Il s’est positionné dans le camp antilibéral avec un programme surréaliste mais indubitablement écologique. En l’occurrence il entend faire valoir quelques prétentions pour présenter des listes aux élections législatives qui suivront les présidentielles. En fait, la candidature de José Bové pourrait être la dernière en date des candidatures anticommunistes de l’Histoire, tant il est évident qu’elle est à la fois inutile, inefficace, démagogique et ouvertement hostile à celle de Marie Georges Buffet. Dans la foulée, Bové a entraîné une flopée de militants et d’élus communistes persuadés que l’union de la gauche combative méritait un coup de force ou une fracture avec le PCF. C’est le cas à Marseille où les élus communistes qui lui sont favorables l’ont entraîné dans une cité populaire pour participer à un " aïioli citoyen " et boire du " Che Cola ", un cola sans OGM.
Bové se marque à gauche de la gauche de la gauche, dans cet espace qui se réclame des grandes figures populaires et des bons sentiments " droitdelhommistes " sans complexe. Il tient un discours pour le changement immédiat, velléitaire autour de phrases clés, " le droit à la dignité ", " le changement est possible tout de suite ". Ca mange pas de pain. C’est sans doute là le problème.
Quant à Frédéric Nihous, il poursuit sa course en solitaire avec, comme seule préoccupation, de faire mieux que Dominique Voynet. Il est visiblement dans son monde à lui revendiquant une autre Europe plus proche des chasseurs, plus ouverte aux problèmes des pêcheurs, moins européenne en fait pour permettre, dans chaque pays, le maintien des us, coutumes et traditions. Cela peut sembler curieux comme programme. Mais ce n’est fondamentalement pas très éloigné des programmes de certains eurosceptiques suisses.
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, Avril 2007