mardi 30 octobre 2007

Espagne: No Passaran !

Ce numéro de Gauchebdo offre une place importante aux événements de l’Histoire. Comment penser l’après, ignorant l’avant ?
Le sens de l’Histoire tient lieu de lettre d’introduction à celles et ceux qui ne réduisent pas la planète et la vie de ses habitants à un monopoly réservé aux plus malins des boursicoteurs… en herbe puisque nous vivons une époque « écologique ».
Les parlementaires espagnols, pour envisager l’avenir, ont voulu assurer le passé. Ils ont adopté la loi sur la « mémoire historique », reconnaissant ou réhabilitant les victimes du franquisme. Cela n’allait sans doute pas de soi, puisque la loi a été adoptée au Cortès par 185 voix contre 137. Cette loi est très précise : elle vise à la « réparation morale » et au « rétablissement public de la mémoire des victimes des persécutions politiques, idéologiques ou religieuses durant la guerre civile et la dictature de Fransisco Franco ». Le parti écolo-communiste a veillé à ce que soit incluse dans le texte de loi, une condamnation officielle du régime franquiste, mais n’a pas obtenu l’annulation des jugements sommaires prononcés par les tribunaux militaires qui décidèrent de cinquante mille exécutions.
La droite espagnole dit pi que pendre de cette loi, qui rompt, selon elle, l’héritage qui a permis la transition démocratique du pays. Par contre la même droite est toute émue par la béatification, par le pape Benoît XVI, de 498 religieux exécutés par le camp républicain durant cette même guerre civile. 498 martyrs, précise le Vatican, mort pour leur foi et leur « amour du Christ ». Parce qu’il ne semble pas que les religieux proches de la République espagnole, assassinés par les fascistes de Franco, puissent avoir été victimes de mécréants. Ils ne devaient pas aimer Jésus, eux, puisqu’ils fricotaient avec les Rouges.
L’Ayatollah Benoît XVI ne rate pas une occasion pour faire valoir l’évidence : la politique du pire n’a pas de secret pour lui. Et en Espagne, son action bienfaitrice va droit au cœur de l’épiscopat local qui conteste la nouvelle loi scolaire votée au Cortès en septembre dernier, et précisément, le développement du cours d’ « Education à la citoyenneté ». Il s’agit en l’occurrence d’enseigner aux collégiens espagnols des notions sur le fonctionnement des institutions, l’égalité entre les sexes, la lutte contre les préjugés homophobes, raciaux ou religieux, la diversité culturelle, la globalisation, la consommation responsable et la sécurité routière…
Bref, tous en cœur, chantons : A bas la calotte…
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, novembre 2007