mardi 30 octobre 2007

Suisse: Le choix de Marianne

J’aime bien Marianne Huguenin. Son militantisme, les batailles politiques et publiques qu’elle a menées à tous les niveaux de responsabilités locales ou nationales en ont fait un personnage crédible et, dans toute l’acception du terme, honorable. Sa réélection au Parlement, dans la grisaille des résultats décevants pour notre Gauche, m’avait fait plaisir. Sa décision, exprimée dans une lettre ouverte sur le site du POP vaudois, de céder - mais confier serait le mot juste - son siège à Josef Zisyadis, révèle que la militante, la syndique de Renans a pour principale qualité d’être un être humain soucieux de ses limites.
Camarades, c’est à vous que cet éditorial s’adresse, nous parlons du seul et unique siège à gauche du parti socialiste. Un siège de survie, le temps de repenser notre action et de retourner auprès des citoyens pour expliquer pourquoi ils doivent nous faire confiance. Il ne s’agit pas seulement d’y poser ses fesses pendant quatre ans, c’est un poste d’observation et de combat. Marianne a décidé de faire front depuis sa ville de Renans pour freiner ou arrêter l’avance de l’extrême droite. Honni soit qui mal y pense. Sa décision est décente même si ses amis et ses supporters sont déçus. Il est vrai que si son successeur avait été n’importe qui sauf Josef Zisyadis, personne n’y aurait trouvé trop à redire.
Josef Z. ne fait pas l’unanimité parmi les siens, il est autant honni qu’aimé des médias bourgeois, et sa façon de faire énerve. Sans doute parce que son omniprésence, depuis tant d’années, a lassé celles et ceux qui voudrait voir cette gauche qu’il représente morte et enterrée.
Le désamour entre Josef Zisyadis et Gauchebdo est notoire. Mais nous ne nous trompons pas de combat. S’il est bien un homme susceptible de rendre service à la gauche combative, c’est Josef Zisyadis à Berne. Sa personnalité, son expérience… se tendance à se battre seul, son sens du spectacle et sa sensibilité politique en font un «sniper» idéal, un tireur embusqué en territoire ennemi. Le pacifiste qu’il est ne nous pardonnera sans doute pas ces références guerrières, mais l’essentiel est que le siège de Marianne, notre siège, soit bien défendu.
Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, novembre 2007