lundi 1 octobre 2007

Suisse: Biographie de Léon Nicole: André Rauber ne partage pas l'analyse freudienne "tuer le père" et réponse...

Dans un courriel à Gauchehebdo qui paraîtra cette semaine, André Rauber émet des réserves quant à mon commentaire sur sa biographie de Léon Nicole:

extrait:
"Je voudrais également souligner que je ne partage pas « l’analyse freudienne » (Tuer le père !) de l’auteur de l’article pour expliquer le conflit qui aboutit, en 1952, à la séparation puis à l’exclusion de Léon Nicole du Parti du Travail. A la lecture de mon ouvrage, qui retrace le cheminement personnel et politique précis du leader ouvrier genevois, chacun pourra affiner son analyse du « phénomène Léon Nicole ».

André Rauber "


ma réaction:
Prendre la mesure de l'Histoire
Les précisions d'André Rauber sont précieuses et importantes tant les événements qui ont marqué la vie politique de Léon Nicole ont été complexes. L'auteur de sa biographie ne s'associe pas au titre du commentaire qui accompagnait son interview, dans Gauchebdo de la semaine dernière. André Rauber a cherché à maintenir son travail dans le cadre strict d'une recherche historique. Le rôle du commentateur n'est pas le même: plus de soixante ans après la mort du chef socialiste genevois, il n'est pas inutile de situer son action, ses choix, ses attitudes, à une aulne plus contemporaine. Léon Nicole fut sans aucun doute un monument du socialisme suisse, il n'est n'est plus l'icône. C'est aussi la conclusion d'André Rauber qui cite Primo Levi et sa suggestion de ne suivre aucun prophète.
la formule "il fallait tuer le père" utilisée dans mon commentaire, n'était pas seulement une référence freudienne et l'article lui-même ne se revendiquait pas d'une école psychanalitique.
La référence à la pensée de Freud - qui me semble cohérente dans le contexte de l'époque - se doublait surtout et prioritairement d'un constat politique, pas d'une analyse. Le livre de Rauber et mes conversations avec de Michel Buenzod qui côtoya Léon Nicole, ne démentent pas que ses convictions socialistes incontestables, son intégrité inébranlable, étaient souvent empêtrées dans un entêtement dont beaucoup déjà, dès 1945, un an après fondation du Parti du Travail, s'inquiétaient.
Mon commentaire visait à rappeler l'intelligence et le courage politique des dirigeants du Parti du Travail quand ils votèrent l'exclusion de Léon Nicole. Compte tenu de la puissance politique du personnage, de sa popularité, de son importance au sein du Parti, la formule "il fallait tuer le père" est-elle exagérée?
Je partage l'avis d'André Rauber: il convient de lire son livre. Pour prendre la leçon et la mesure de l'Histoire.
Ron Linder