jeudi 22 février 2007

Genève : Guy Jousson : « je ne fais pas de politique, je fais des heures supplémentaires »

« Si le Pdt ne s’occupe pas de la défense des exclus, personne ne le fera ». Cette déclaration, hélas pas si péremptoire, date du mois de février 2003. Guy Jousson, conseiller municipal, s’entretenait avec Ramine Abadi de Gauchebdo dans le cadre de la campagne électorale municipale à Genève. Jousson faisait valoir « l’originalité sociale à visage humain » du Parti du Travail. Il s’attaquait à la direction de l’Hospice général « obnubilée par la réduction des dépenses et des coûts », à l’UDC dont la stratégie visait à « désespérer les gens », stigmatisait l’émergence d’ « une société à trois vitesses. Il y a ainsi les riches, les pauvres et enfin, les exclus ». « On ne s’est pas totalement investi dans l’éradication de l’exclusion à Genève. Le problème aurait du nous empêcher de dormir… on court derrière les problèmes de la pauvreté et de l’exclusion qui ont pris une ampleur exponentielle ces dernières années » ajoutait-il.
Il y a quatre ans, Guy Jousson préconisait une autre politique du logement, une action sociale à visage humain, la lutte en amont contre l’exclusion, le relèvement du minimum vital, décision cantonale qui nécessitait, selon lui, le positionnement et la pression des élus locaux.

Aujourd’hui il persiste, signe et augmente ses revendications pour une ville ouverte, intelligente et sociale. Thérapeute de famille, il répondait récemment à un de ses collègues qui découvrait son activité politique : « je ne fais pas de politique, je fais des heures supplémentaires. Si les questions sociales, les injustices flagrantes, les risques encourus par les genevois les plus fragiles étaient limités, je m’adonnerais à ma passion, le parapente ».
C’est la société en général que le conseiller municipal genevois tente de comprendre : « l’exemple du don d’organe est frappant. Il n’y a pas de donneur. Si vous n’êtes pas concerné ou confronté directement à la nécessité absolue d’un don d’organe, il y a peu de chance que vous ayez une carte de donneur dans votre portefeuille. Beau, riche, en bonne santé vous n’allez pas vous soucier du montant accordé par l’AI (Assurance Invalidité). Et il vous paraîtra injuste que l’on vous fasse remarquer que cela pourrait arriver à n’importe qui, de s’effondrer socialement, mentalement, physiquement. Vous ne vous souviendrez plus que l’AI est un droit, un héritage, le fruit des luttes pour plus de justice sociale… mais aussi que ce sigle est le signe du drame personnel. Je suis heureusement un homme serein…en colère. Parce que trop peu de gens se souviennent, par exemple, que les restos du Cœur, l’idée formidablement généreuse de Coluche, ne devaient exister que deux ans… et que l’on vient de dépasser leur vingtième anniversaire. Parce que les gens confondent une société individualisée avec une société individualiste. Dans le premier cas, chacun utilise ses chances pour progresser dans la communauté, la cité, le monde, dans le second chacun joue sa propre carte sans un regard pour celui qui l’accompagne ou le suit. Ce que j’affirme est à peine caricatural. »

La gauche genevoise, telle que Guy Jousson la conçoit n’est innocente de rien : « des Suisses pauvres m’ont expliqué leur vision de la politique d’aujourd’hui. Ils disent : « nous sommes soit orphelins, soit cocus. Orphelins parce que, vous, au Parti du Travail, vous avez découvert Porto Alegre et l’altermondialisme. Porto Alegre c’est loin, tellement loin que vous ne nous avez plus vu, nous qui sommes si près. Nous sommes orphelins du parti des travailleurs et des petites gens. Alors l’UDC a promis de nous prendre en considération. Nous avons voté UDC et nous constatons que les protections sociales s’effondrent sous les coups de Blocher et de ses amis. Nous sommes cocus. » Nous avons intérêt à plus nous tromper de priorités. Ni à l’occasion des municipales du 25 mars, ni plus tard. Tous les thèmes méritent plus que notre attention, notre investissement. Mais pas au rythme que tente d’imposer la droite. Les questions sécuritaires sont à l’agenda de la gauche. Sant autre état d’âme que la sécurité de la communauté dans son ensemble en commençant par les plus faibles. Les va-t-en-guerre de droite proposeront bientôt l’intervention de l’armée quand ils constateront que leurs solutions répressives ne fonctionnent pas parce qu’ils oublient l’essentiel : la source des problèmes, le logement rare, l’insécurité sociale et économique, l’acculturation… »

A Gauche Toute ! dont il est candidat le 25 mars sera un des fers de lance de cette politique de responsabilisation des citoyens. Guy Jousson s’inscrit dans la continuité de la politique sociale et pratique d’André Hédiger : « AGT ! réunit ce qui est commun à différentes organisations. C’est une alliance, une nouvelle démonstration de nos talents de compromis. Mais le parti du Travail n’est pas un parti de compromission. Nous sommes partants pour défendre les Citoyens de Genève sur un programme commun social ».
Gauchebdo, Suisse, Février 2007