lundi 19 février 2007

HARDI LES VIEUX!

Les vieux sont d’anciens jeunes… et les jeunes, ces futurs vieux, ont trop souvent tendance à oublier cette vérité à la fois fondamentale, pathétique et redoutable : un ancien jeune n’est pas par définition un vieux con, un grabataire, un demeuré, un cas social, un fardeau, un retraité de tout, une banque ambulante pour une génération dans le besoin…
Nos vieux sont des militants, des lutteurs, des combattants, des politiques. On dit du Parti du Travail que c’est un parti de vieux. C’est lui rendre hommage et constater que la loyauté reste un fer de lance de la pensée politique. Ce ne sera pas l’arthrite qui empêchera nos camarades les plus expérimentés de continuer les luttes, de se consacrer aux autres, de défendre leurs droits et ceux de leurs enfants, petits-enfants, arrières petits enfants… Ce ne sera pas l’âge de leurs artères qui les privera de vivre à cent à l’heure d’espoir… et de refaire le monde encore et encore. Ce qui les menace, c’est le mépris, parfois même inconscient, dont ils sont l’objet s’ils se refusent à entrer dans le moule de l’assisté de « plein droit ». Comme si le droit à la retraite les privait du droit de choisir de vivre au sommet de leurs pensées, au gré de leurs idées, d’aimer comme à vingt ans... même à moins de vingt dents. C’est ce qu’avaient compris les fondateurs de l’AVIVO.
C’est ce que comprennent les militantes et les militants des organisations politiques, des associations, qui ont décidé qu’à la retraite, ils disposaient d’un capital de disponibilité pour mener ou poursuivre les luttes au nom du bien commun. Et tant pis, si leurs opinions sont ravageuses, tranchantes, sévères, si leurs références laissent rêveurs. Aucune génération politique ne s’est forgée spontanément. C’est en croisant le fer avec leurs anciens que les militants de demain construiront et élaboreront une organisation de gauche moderne, encore et toujours révolutionnaire.
Une société qui s’offre le luxe indécent de marginaliser sa population âgée pour ne l’utiliser qu’à des fins socio-économiques et mercantiles perd son âme. Tout le monde le sait.
Ron Linder
Gauchebdo, Suisse, Janvier 2007