lundi 19 février 2007

Soyons subjectifs!

Eux, d’un coup d’un seul, ils attirent des centaines de milliers de lecteurs, d’auditeurs, de téléspectateurs, de cybervoyeurs. Ils importent, et le politicien le moins ambitieux ne peut raisonnablement pas faire l’impasse d’une relation aimable avec les gens des médias. En cette année électorale, un peu partout chez nous, et de façon extravagante en France, la presse se gave d’importance: dans bien des domaines, elle influencera les sensibilités, jouera d’un titre ou d’une photo pour attendrir ou révolter, entérinera ou affirmera l’émergence d’une femme ou d’un homme providentiel (le). 2007 est l’année du quatrième pouvoir, à Paris, Genève ou Lausanne. Notez, les années prochaines le seront aussi.
Le quatrième pouvoir a trouvé son credo et son créneau: en politique, on parle des gens.
Pas de ce qu’ils pensent. A peine de ce qu’ils proposent et toujours dans des proportions qui permettent d’éviter les «mauvaises surprises», celles qui fâchent vraiment, celles qui compliquent la vie.
Donc on parle des gens sans les idées, ou alors avec des idées courtes. Leur lecteur-auditeur-téléspectateur,-cybervoyeur doit être informé, pas fatigué, pas ennuyé... Soyons objectifs, disent les patrons du quatrième pouvoir, c’est-à-dire, définissons l’espace accordé à chacun, hiérarchisons les informations, évitons autant que faire se peut les extrêmes, faisons de la pensée majoritaire, celle qui ne conteste pas l’ordre établi, la pensée de tous.
Dans un journal subjectif, militant, politique, nous pensons exactement le contraire et d’ailleurs, nous ne revendiquons pas une place, même modeste, au sein du quatrième pouvoir. Ce sont les idées, précisément, qui nous passionnent, la façon dont les hommes et les femmes politiques veulent les concrétiser. Le rôle, la fonction de la presse politique est d’autant plus importante que nos amis qui se présentent devant les électeurs le font fort d’une réflexion et d’une conviction qui, très souvent, ne s’inscrit pas dans le créneau que le quatrième pouvoir trouve acceptable.
C’est un outil que vous, lecteurs, avez entre les mains. Un outil de réflexion mais aussi un moyen d’action pour faire valoir la pensée des progressistes.
Ron Linder
Gauchebdo, Suisse, février 2007