lundi 19 février 2007

Israël:Un gouvernement de pieds nickelés joue à qui perd-gagne

Le moyen Orient serait menacé par des incompétents belliqueux. Le danger ne viendrait pas de l’Iran, mais du gouvernement israélien, qui perd le contrôle de la situation.

Mon premier et ses proches vont être soumis à des enquêtes criminelles pour délits financiers, corruption, copinage aggravé et sont déjà qualifiés par les médias de «suspects en série»; mon deuxième a découvert le principe de Peter [1] à la vitesse de la lumière et mon troisième, qui lui était lié, est un aviateur qui loupe son envol et quitte le… navire; un autre et ses amis profèrent des menaces racistes que la justice devra tôt ou tard évaluer; il y a aussi un représentant de la minorité ethnique dont la nomination est reportée parce que le précédent ne lui reconnaît pas de droits… Mon tout est le gouvernement israélien que les sondages situent en moyenne à moins de quinze pour cent de popularité un an après sa constitution.
Le chef du gouvernement, Ehud Olmert, est soupçonné d’inconduites financières et de favoritisme, sa directrice de cabinet est mouillée dans une affaire de fraude fiscale. Le dirigeant travailliste Amir Peretz est considéré par ses compatriotes comme une catastrophe ambulante à la tête du ministère de la Défense; il ne peut que constater la démission du chef d’Etat Major de l’armée, le général Halutz, dont la responsabilité dans l’échec du dernier conflit au Liban ne serait, selon certains, que le prélude à la déroute des politiques. D’autant qu’Amir Peretz a tenu à maintenir le parti travailliste dans la coalition gouvernementale malgré la nomination du fasciste Avidgor Liberman au poste de ministre des Dangers Stratégiques, perdant ainsi le soutien de toutes les tendances progressistes à l’intérieur et à l’extérieur de son parti. Pour se rattraper il a proposé un député arabe, Khaleb Majabdeleh au ministère de la Culture et des Sports ce qui permet à Liberman et une de ses groupies parlementaires, Esterina Tartman de déclarer que la nomination d’un ministre arabe, une première, «nuisait au caractère juif d’Israël… Il nous faut détruire ce défaut en nous-mêmes…Dieu nous viendra en aide». Même la droite nationaliste a trouvé que la députée de la majorité poussait le bouchon un peu loin…
Ce gouvernement israélien ressemble de plus en plus dramatiquement à une escouade de pieds nickelés chargée de transporter des tonnes de nitroglycérine à vélo sur un sol rocailleux. Il est, les événements le prouvent chaque jour, une menace pour la région. Il a fallu, la semaine dernière, que la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice intervienne énergiquement pour que les Israéliens acceptent enfin de reverser 100 millions de dollars de taxes retenues indûment afin que le Président palestinien Abbas puisse faire payer les salaires des employés des services publics touchés par l’embargo occidental décrété après la formation du gouvernement du Hamas…
Tout semble aléatoire dans la politique israélienne. Les exemples sont légions d’une stratégie plus perturbée que perturbante. Le gouvernement navigue à vue, au rythme des pressions judiciaires ou de la prochaine désignation du nouveau chef du parti travailliste par exemple. En politique étrangère, c’est le degré zéro de l’efficacité qui prévaut. Pourtant la cheffe de la diplomatie israélienne, Tzipi Livni serait la seule à conserver un tant soit peu de popularité. Des sources bien informées citées par le quotidien indépendant Haaretz impliquent la Suisse dans des négociations secrètes entre Israël et la Syrie. Les officiels des deux pays nient…plus ou moins. Il n’en demeure pas moins vrai que, mercredi dernier, le conseiller diplomatique d’Ehud Olmert rencontrait Nicolas Lang, le chef du Département Moyen Orient du ministère suisse des Affaires Etrangères… officiellement pour parler du cas d’un soldat israélien enlevé par des Palestiniens. C’est que les conseillers de Madame Livni ne semblent pas enchantés à l’idée de reconnaître du mérite à Micheline Calmy-Rey. Ils lui reprochent son… hostilité à l’égard d’Israël pour avoir favorisé la proposition de paix israélo-palestinienne de Genève.
Un gouvernement de pieds nickelés on vous dit…
Le Hezbollah crie victoire… jamais Israël n’a semblé si faible à ses adversaires. Si fragile qu’il en serait d’autant plus dangereux…

[1] «Tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence.» Il est immédiatement suivi du «Corollaire de Peter»: «Avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d'en assumer la responsabilité.»
RonLinder
Gauchebdo, Suisse, Janvier 2007